Sur les ondes étrangères, l’on entend tous les jours des déclarations, très souvent
montées de toutes pièces. Comme cette dame qui n’a pas bien appris son texte et
qui s’est dite «réfugiée en Mauritanie et son mari au Burkina Faso». Plus loin, celle
qui se dit «réfugiée en Mauritanie» déplore ne pas pouvoir «payer à manger dans la
localité du Mali où elle se trouvait». Pour ceux qui sont du milieu tamasheq, il n’est
plus un secret que Nina Walett Intalouh s’est aussi exprimée sur les ondes de nos
confrères parisiens…En tant que réfugiée. De l’autre côté, c’est-à-dire dans le pays
des hommes intègres, le Colonel déserteur, Hassan Ag Mehdi, est à l’affût et prêt à
bondir sur toutes les proies. Mais, ce qui est écœurant dans toute cette affaire, c’est
qu’une fois de plus, notre gouvernement laisse parler les autres. Après, le ministre
de la Communication, Sidiki N’Fa Konaté, fera encore son show à la Dadis Camara,
pour demander de ne pas «colporter».
Nord-Mali : la très floue position de Paris
De l’entretien clandestin avec les membres du MNLA, au Quai d’Orsay, fin 2011,
en passant par des contacts secrets, les déclarations du ministre des Affaires
Etrangères, Alain Jupé, au Senat et la langue de bois du ministre de Raincourt,
lors de sa visite éclaire au Mali, en Mauritanie et au Niger, on ne sait plus sur quel
pied Paris danse. En effet, jusqu’à une date très récente, l’hexagone n’avait pas
communiqué avec Bamako sur l’audience accordée par le ministère des Affaires
Etrangères à certains représentants du MNLA. Pour les diplomates maliens et
français qui savaient déjà que quelque chose se tramait dans notre septentrion,
c’était déjà assez pour que Paris communique avec Bamako.
Début février, Alain Jupé remet ça en déclarant devant le Sénat que «la question
de la révolution du peuple de l’Azawad, mérite d’être traitée au fond pour une issue
définitive, étant donné que militairement, le Mali a échoué face aux combattants
du MNLA». Quand Henry de Raincourt a quitté Bamako, la semaine dernière, lui,
navigue entre condamnation légère et propos incohérents. Quand notre confrère
Christophe Boisbouvier aborde la question d’AQMI, de Raincourt n’hésite pas à
mettre le Mali en filigrane et affirme que «c’est assez difficile d’engager directement
des opérations qui seraient susceptibles de mettre en danger la vie de nos otages,
parce que la vie de nos compatriotes est à préserver d’abord et avant tout». No
comment ! C’est dire que l’opération militaire malienne en cours dérange Paris. Tant
mieux ! Pourvu que les localités sous contrôle MNLA soient libérées.
Paul Mben
22 Septembre 16/02/2012