L’information est officielle puisqu’elle a été donnée par l’Agence mauritanienne d’information qui est l’agence d’Etat en Mauritanie. Dans un communiqué sur son site internet, elle affirme que « les autorités sécuritaires ont arrêté vendredi soir 16 mars à l’aéroport international de Nouakchott, l’ancien directeur général des services libyens de renseignements, monsieur Abdallah al-Senoussi, en provenance de Casablanca, porteur d’un passeport malien falsifié ».
Apparemment, Abdallah al-Senoussi était dans le vol qui a atterri à Nouakchott à 23h45. C’est un vol commercial, régulier de la compagne Royal Air Maroc. L’arrestation aurait été faite en toute discrétion. Un membre du personnel de l’aéroport, présent sur place à l’arrivée de l’avion, indique qu’il n’a rien vu, ni arrestation ni même une présence sécuritaire renforcée. Ensuite, le Libyen aurait été transféré à la Direction des renseignements à Nouakchott où il est actuellement détenu.
Abdallah al-Senoussi faisait partie du premier cercle de soutien à Kadhafi dont il était le beau-frère. Ce colonel de 62 ans a longtemps été un des chefs des renseignements militaires de la Libye. Et pour la Cour pénale internationale (CPI), ce service était « l’un des organes de répression les plus puissants et efficaces du régime ».
Condamné à la perpétuité par contumace en France, il a été reconnu coupable d’avoir commandité l’attentat contre le DC-10 d’UTA en 1989 et d’avoir fourni les explosifs à l’origine de l’attentat qui avait fait 170 morts. En Libye, il est notamment accusé d’avoir ordonné la fusillade de plus d’un millier de détenus de la prison d’Abou Salim en 1996. Le 27 juin 2011, la Cour pénale internationale de La Haye avait lancé un mandat d’arrêt contre Abdallah al-Senoussi.
Extrait du mandat d’arrêt de la CPI contre Abdallah al-Senoussi, 27 juin 2011
«VU la requête concernant Muammar Mohammed Abu Minyar QADHAFI, Saif Al‐Islam QADHAFI et Abdallah AL‐SENOUSSI, déposée le 16 mai 2011 en vertu de l’article 58 du Statut («la Requête»)1, dans laquelle le Procureur a demandé notamment la délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre d’Abdallah Al‐Senoussi au motif qu’il est présumé pénalement responsable d’avoir, par l’intermédiaire de l’appareil d’État libyen et des forces de sécurité libyennes, commis, au sens de l’article 25‐3‐a du Statut, des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l’humanité, en violation des articles 7‐1‐a et 7‐1‐h du Statut, crimes commis à partir du 15 février 2011 dans toute la Libye et notamment à Tripoli, Benghazi et Misrata.»
Plusieurs questions se posent désormais. On ignore par exemple de quel pays venait réellement Abdallah al-Senoussi. Séjournait-il au Maroc ou, plus vraisemblablement, n’a-t-il fait qu’escale à Casablanca en provenance d’un autre pays ? Le passeport malien qu’il possédait était-il à son nom ou, plus probablement, mentionnait-il un nom d’emprunt ?
Enfin la grande interrogation est de savoir ce que vont faire les autorités mauritaniennes de leur prisonnier. Est-ce qu’il sera livré à la CPI qui a donc délivré un mandat d’arrêt international contre lui ? Il faut savoir que la Mauritanie n’a ni signé ni ratifié le statut de Rome qui instaure la CPI. Le gouvernement libyen a, en tous les cas, d’ores et déjà annoncé qu’il allait demander à la Mauritanie son extradition tout comme la France.
Rfi 17/03/2012