A quelques mois des prochaines élections générales, l’ancien Premier ministre, Ibrahim Boubacar Keïta, et son parti ont voulu réussir un grand coup aux élections municipales partielles en Commune IV. Pour marquer les esprits, ils ont voulu s’octroyer une large majorité et la mairie. C’est pourquoi, dès l’ouverture de la campagne, lui et ses principaux bras armés se sont jetés à corps perdu dans la bataille. Il est lui-même descendu sur le terrain pour convaincre les électeurs à voter sa liste car son propre avenir politique risque bien de pâtir des résultats du scrutin. Malgré cette débauche d’énergie, l’ancien président de l’Assemblée nationale a mordu la poussière devant le président d’un des plus jeunes partis, Moussa Mara, dont la liste était hier créditée d’une large avance sur ses adversaires, selon les résultats provisoires.
D’ailleurs, l’ancien Premier ministre s’est appuyé sur une stratégie de porte en porte et a rendu visite aux personnes âgées, aux imams et aux notabilités de la Commune IV. Lesquels se seraient faits prier pour appeler à voter la liste du RPM soutenue par celui qui se fait appeler « Kankeletigui » (homme de parole). Ces appels n’ont malheureusement pas été entendus et la liste RPM n’a obtenu que 8 conseillers contre 11 en 2009, une déroute électorale qui met en danger l’avenir politique d’IBK même si le chargé à la communication du RPM, Boubacar Touré, tente de se faire bonne conscience en mettant cette défaite au compte de la faible participation des électeurs. En effet, il a insisté sur un taux d’abstention record de 86 %.
En terme de voix, il dira que, puisqu’«au pays des aveugles, le borgne est roi, Yelema est en tête avec, en moyenne, 9681 voix, suivi du RPM, 4266 voix, de l’ADEMA, 3150 voix, le MPR, 1829 voix, le PDES avec 1530 voix…». Il s’est dit ulcéré par le désintérêt que les militants manifestent par rapport aux élections. «Quel est aujourd’hui le portrait robot du militant? S’intéresse-t-il à l’animation de la vie politique?», s’est-il interrogé. Mais avant tout, c’est d’abord la défaite de son président qui a fait de ces communales une affaire personnelle. Un engagement qu’il a déjà commencé à regretter certainement.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur renouveau 09/02/2011