Plus qu’honorable, le parcours des poulains de Baye Ba aura été une véritable épopée. Les Aiglonnets qui se sont même offert le luxe de battre la Croatie, en 8ème de finale, sur le score de 1 but à 0, cette même équipe qui avait battu les Nigérians 2 buts à 1 en match de poule. Comme quoi, le football n’est pas de la mathématique pure.
Au palmarès des Maliens figure également le titre de meilleur gardien de but (Gant d’Or Adidas) du tournoi, logiquement attribué à Samuel Diarra, qui a pesé pour au moins 50% dans l’équipe malienne, en lui évitant, par ses parades héroïques, le carton. Quant à Ali Mallé, il enlèvera le titre de 3ème meilleur joueur.
Le Mali, qui a séduit le public chilien par son football panache, a également battu la Belgique en demi-finale, 3 buts à 1. Ce qui n’est pas rien. Les Aiglonnets et leur encadrement ont amplement mérité l’accueil triomphal que les Maliens leur ont réservé à leur retour de leur campagne chilienne.
Malgré ces performances, il reste quand même quelques regrets, d’autant que l’historique sacre mondial était à portée de main. Il allait permettre au football malien de vaincre définitivement le signe indien qui le poursuit depuis des lustres. Les Aiglonnets ont joué collectif, mais ils ont été rattrapés, de temps à autre, par leur péché mignon: l’individualisme.
Leur naïveté devant les cages adverses n’a pas peu pesé dans le décompte. Le coach Baye Ba gagnerait beaucoup à travailler la finition et à produire de véritables canonniers. Il se doit aussi de muscler la préparation physique de ses poulains, revoir son dispositif tactique et offrir à l’équipe un véritable fond de jeu.
Car l’entraineur nigerian n’a pas réinventé la roue. Emmanuel Amuniké, qui fut l’un des héros de l’époque glorieuse de la génération des JJ Okocha, Daniel Amokachi, Stephen Keshi et autre Rachidi Yékini, surnommé le taureau de Kaduna, n’a fait qu’appliquer une vielle recette tactique. Une triangulation – éclair, une ouverture lumineuse pour Yékini, seul joueur placé à la pointe, qui, doté d’une grande force de pénétration et d’une accélération foudroyante, ne laissait aucune chance à la défense adverse.
C’est cette veille recette qui a fonctionné à merveille lors de cette 16ème édition des moins de 17 ans Chili 2015. C’est Victor Osimhen qui a pris en charge le rôle alors dévolu à feu Rachidi Yékini. Il en sera récompensé par le Ballon d’Argent Adidas.
Les Aiglonnets ont fait mieux que leurs grands frères, les Aiglons, qui n’ont pas non plus démérité, puisqu’ils occupent la 3ème marche du podium à l’issue de la Coupe du monde des moins de 20 ans, qui s’est déroulée du 30 mai au 20 juin 2015 en Nouvelle Zélande.
Ils ont remporté, en prime, le titre de meilleur joueur du tournoi, décerné à Adama Traoré. Le sélectionneur des Aigles, le Français Alain Giresse, serait bien inspiré de puiser dans ce vivier de qualité lors des compétitions à venir, notamment la prochaine Coupe de Afrique des Nations.
Malheureusement, force est de constater que, paradoxalement, c’est au moment où le football malien est en train de briller de mille feux au firmament mondial que ses dirigeants, comme on le voit avec la Fédération Malienne de Football et le Djoliba Athletic Club choisissent d’étaler au grand jour le spectacle nauséabond de leurs divisions intestines, prouvant au monde entier qu’ils ne roulent que pour leurs mesquins et égoïstes intérêts, et non pour la grandeur du sport-roi et du Mali tout court. Hélas, cette tare bien malienne ne s’arrête pas au seul domaine des sports.
Yaya Sidibé
Surce: Le 22 Septembre 11/11/2015