« Le développement de l’agriculture et de l’élevage du Mali pour assurer l’autosuffisance alimentaire », était au centre d’une conférence-débats organisée samedi dernier à la direction de l’Office du Niger de Niono. Organisée par le réseau de communication « Kayira » en partenariat avec la Fondation allemande Rosa Luxemburg, cette conférence s’inscrit dans le cadre du projet « Bonne gouvernance ». Le choix de Niono pour abriter cette rencontre n’est nullement fortuit, comme l’expliquent ses organisateurs. Cette localité, qui abriter la zone Office du Niger, regorge une forte représentativité de producteurs.
Selon le dernier recensement national, les 70 % des 14 millions d’habitants vivent en milieu rural. D’après une enquête de pauvreté de la Banque mondiale (datée de 1998), 63 % des Maliens vivaient en dessous du seuil de pauvreté au Mali, et 75,9 % des pauvres étaient des ruraux. Ces chiffres, explique le conférencier, démontrent que le Mali figure parmi les pays les plus pauvres (160e sur 169 selon le rapport du Programme des nations unies). Cette pauvreté se caractérise par le manque d’accès à l’eau potable (seulement 64% des populations sont bénéficiaires), à l’électricité (22,53 %), à l’éducation (82 %).
Le conférencier définit l’autosuffisance alimentaire comme « la disponibilité des aliments à tout moment et accessibles à tous du point de vus nutritionnel, tant en quantité, en qualité et en variété ».
Selon El Hadj Modibo Diakité (ingénieur agronome), les potentialités dont dispose le Mali, peuvent assurer son développement agricole et lui permettre de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Pour le conférencier (non moins ancien directeur adjoint de l’Office du Niger), ces atouts se caractérisent par la disponibilité en ressources en eau, en sols, ressources forestières, pastorales, de la biodiversité, etc.
Les énergies renouvelables, l’existence pluri-décennale de deux grands pôles de développement agroindustriel (la zone Office du Niger et la zone cotonnière Mali-sud, l’existence de la Loi d’orientation agricole, etc. sont, selon le conférencier, autant d’atouts qui permettent au Mali d’assurer son développement agricole.
Malheureusement, explique M. Diakité, plusieurs contraintes freinent ce développement. Il s’agit entre autres des contraintes endogènes (comme la déforestation, la diminution continue des pâturages) ; la forte dépendance aux aléas climatiques ; la perte de la biodiversité, etc. Le conférencier regrette également les contraintes exogènes qui constituent de sérieux handicapes pour le Mali. Elles sont liées aux 50 années de crises alimentaires à répétition dans notre pays, aux aléas des marchés mondiaux, caractérisés par la détérioration des termes de l’échange et des pratiques commerciales inéquitables, etc.
Les solutions envisagées
Pour parvenir à l’autosuffisance alimentaire au Mali, le conférencier a soumis 12 propositions. Pour l’ancien responsable de l’Office du Niger, il faut soutenir efficacement et durablement les 900 000 exploitants agricoles du Mali, élaborer une loi foncière pour sécuriser les paysans.
Aussi, il a recommandé la généralisation des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement ; la promotion durable de la capacité contributive de la zone cotonnière Mali-sud ; l’instauration d’une culture d’intégration au niveau des organismes chargés de la gestion des soutiens ; l’amélioration de la productivité paysanne et la maitrise des coûts de production au niveau de l’exportation agricole. Cela, précise M. Diakité, par la réduction graduelle volontariste de la part des intrants importés.
Comme autres mesures, El Hadj Modibo Diakité, plaide aussi pour la promotion de l’intégration de l’agriculture et de l’élevage dans toutes les écologies ; la mise en œuvre par les exploitants agricoles familiaux de système d’assolement/rotation avec jachère, la production et l’utilisation de fumure organique de qualité aux doses et modalités d’application recommandées par la Recherche agricole nationale, la mise en œuvre d’un programme incitatif à grande échelle s’inscrivant dans la durée de bonification des terres agricoles au Mali et basé sur l’utilisation du phosphate du Tilemsi.
Les propositions préconisées par le conférencier ont également trait au renforcement de la communication pour faire échec à toute introduction d’OGM (Organisme génétiquement modifiés) au Mali dans la précipitation. Sur ce point, le conférencier a insisté sur le renforcement de la vigilance. Avant de mettre l’accent sur la nécessité de faire de l’Office du Niger la grande ferme agro-syslvo-pastorale moderne de l’Afrique de l’ouest.
Issa Fakaba Sissoko, envoyé spécial
L’ Indicateur Renouveau 27/04/2011