LÉOPOLD KAZIENDE : Un intellectuel décomplexé 

Né à Kaya (Haute–Volta) en 1910, Léopold Kaziendé a débuté sa scolarité à l’école préparatoire de Kaya en 1919, puis il la poursuivit à l’Ecole régionale de Ouagadougou, à l’Ecole primaire supérieure et enfin à l’Ecole normale Ponty (1929-1932). En octobre 1932, il rejoint son premier poste au Niger, à Birnin Konni. En 1935, il fut nommé directeur de l’école préparatoire de Filingué puis, en 1939, directeur adjoint de l’EPS de Niamey. En 1941, il est muté à Filingué puis à Maradi en 1946 et à l’Ecole régionale de Dosso en 1947. 

En décembre 1947, il est reparti pour Fikingué où il resta jusqu’en 1957. Léopold Kaziendé a occupé plusieurs postes de ministres (ministre des Travaux publics, des Mines et de l’Hydraulique ; des affaires économiques, du commerce et de l’industrie, Ministre d’Etat, chargé de la défense nationale) sous Diori Hamani (1958-1974), jusqu’au coup d’Etat de 1974. Il fut ensuite mis en détention jusqu’en 1978. Il s’est éteint le 26 mai 1999 à Niamey.

Intellectuel décomplexé et écrivain prolifique, il a dans sa bibliographie de nombreux ouvrages prestigieux, notamment «L’odyssée du vieux Diadié» (L’éducation africaine, N°102-103, 1939) ; «La colonisation française vue par un instituteur africain sorti de William Ponty en 1932» (Niamey, le 1er décembre 1988. Manuscrit non publié) ; «Souvenirs d’un enfant de la colonisation» (Porto Novo, édition Assouli, 1998/6 volumes)…

Attirant l’attention sur les convoitises qui pouvaient menacer le Liptako-Gourma, il savait de quoi il parlait. Et c’est dommage que les dirigeants successifs des trois pays n’aient pas pris le temps de lire  l’œuvre prophétique de ce visionnaire. Cela nous aurait sans doute permis de faire l’économie des drames auxquels nous assistons quotidiennement dans la zone des «Trois frontières» aujourd’hui au cœur de toutes les convoitises au point d’être l’épicentre de la déstabilisation de la bande sahélo-saharienne.

M.B