L’envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen s’est déclaré mercredi incapable d’organiser une nouvelle séance de pourparlers de paix. Les parties prenantes au conflit sont trop divisées sur la question d’une trêve pendant les négociations.
Les belligérants s’étaient entendus en décembre dernier sur une feuille de route pour mettre fin à la guerre, mais le cessez-le-feu temporaire d’une semaine prévu par l’accord n’avait guère été observé sur le terrain. Les pourparlers, qui devaient reprendre à la mi-janvier, ont été repoussés sine die.
« La persistance de profondes divisions m’empêche de convoquer une nouvelle série de pourparlers », a expliqué l’envoyé spécial Ismail Ould Cheikh Ahmed devant le Conseil de sécurité de l’ONU. « Je n’ai malheureusement pas reçu d’assurances suffisantes sur le respect d’une nouvelle cessation des hostilités. »
« De mon point de vue, nous ne pouvons pas repousser ces discussions au-delà du mois de mars », a dit le diplomate par la suite à des journalistes. Il a assuré qu’il allait continuer ses contacts diplomatiques avec les différents protagonistes du conflit, avec des visites prévues prochainement à Ryad en Arabie saoudite et Sanaa au Yémen, ainsi qu’en Egypte, au Qatar et aux Emirats arabes unis.
La dernière session de pourparlers entre le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition conduite par l’Arabie saoudite, et les rebelles chiites houthis avait eu lieu du 15 au 20 décembre 2015 à Macolin, dans le canton de Berne, sous l’égide de l’ONU. Une trêve avait été décrétée par le gouvernement yéménite pour marquer le début des premiers pourparlers directs entre les parties en conflit. Mais ce cessez-le-feu avait ensuite été violé quotidiennement.
« Tragédie épouvantable »
Au terme de cette session, le médiateur avait annoncé que les négociations reprendraient le 14 janvier. Le jour dit, il avait déclaré à Sanaa qu’aucune nouvelle date n’avait été fixée.
Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a plaidé devant le Conseil pour « un nouvel engagement à cesser les hostilités qui mènerait à un cessez-le-feu permanent », estimant « qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit ». Il a exhorté le Conseil à « soutenir cette mesure et à agir pour qu’elle soit appliquée dès que possible ».
Selon les Nations unies, le conflit a fait plus de 6000 morts au cours de l’année écoulée, dont la moitié sont des civils. « Le Yémen souffre énormément et son peuple subit une tragédie épouvantable », a souligné Ismail Ould Cheikh Ahmed. « Les infrastructures du pays sont détruites, les familles dispersées et le tissu social anéanti. »
S’adressant mardi au Conseil de sécurité, le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires Stephen O’Brien a souligné que les deux camps restreignaient l’accès à l’aide humanitaire alors que l’on estime que 80% de la population a besoin d’une assistance.
(ats / 18.02.2016 01h19)