L’entraîneur du Djoliba AC, Abderrazak Chlih en exclusivité après sa démission vendredi dernier : «

« J’ai rendu ma démission le vendredi 1er août au comité exécutif du Djoliba AC. C’est une décision que j’ai prise. Cela, dans l’intérêt du club.  J’ai toujours pensé  que quand ça ne marche pas, il vaut mieux partir à temps » précisera-t-il dans un entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, juste après avoir déposé sa lettre de démission. Le technicien marocain précise aussi que : « je quitte le Djoliba avec beaucoup d’amertume. Je sais qu’il y a beaucoup de joueurs qui vont pleurer après mon départ parce qu’ils m’aiment ».L’Indépendant Sports : Bonjour Monsieur Chlih. Vous venez de rendre votre démission juste au lendemain de la défaite du Djoliba en finale de la Coupe du Mali face aux Onze Créateurs. Peut-on savoir les raisons de votre départ ?

Abderrazak Chlih : Effectivement, j’ai rendu ma démission le vendredi 1er août au comité exécutif du Djoliba AC. C’est une décision que j’ai prise. Cela dans l’intérêt du club.  J’ai toujours pensé que quand ça ne marche pas, il vaut mieux partir à temps. Comme vous le savez, il était convenu dans la signature de mon contrat avec le Djoliba en décembre 2013 deux objectifs majeurs. Il s’agit de se qualifier en phase de poule de la Coupe de la Confédération Africaine de Football (CAF) et remporter le trophée de la Coupe du Mali ou le titre de champion du Mali. Après l’élimination en Coupe CAF et la finale de la Coupe du Mali perdue le 31 juillet dernier face aux Onze Créateurs, je pense qu’il est très difficile d’atteindre ces deux objectifs. En plus de cela, je pense aussi que les conditions dans lesquelles le club évolue aujourd’hui ne me permettent pas de continuer ma mission. Il y a d’autres conditions qui empêchent aussi de travailler. Il faut préciser que ces choses n’ont rien à voir avec les relations que je développe avec les dirigeants du club. Voilà, entre autres les raisons qui m’ont obligé à mettre fin à mon contrat d’entraîneur du Djoliba. Je souhaite que le club travaille désormais avec une autre personne, qui donnera plus que ce que j’ai fait.

En tout cas, je me suis donné à fond et j’ai travaillé d’une manière professionnelle. Malheureusement, la chance n’a pas été avec nous pour qu’on puisse atteindre nos objectifs cette saison.

Concrètement, qu’est-ce que vous reprochez aux dirigeants du club ?

Moi, je ne reproche rien du tout aux dirigeants du Djoliba. Je pense que ces dirigeants m’ont mis dans toutes les conditions pour que je puisse bien travailler, même si, en un moment donné, nous avons eu quelques difficultés d’ordre financier. Ce qu’il faut savoir, c’est que je suis venu à la tête du Djoliba dans un moment où je ne pouvais pas recruter. Les joueurs que j’ai trouvés ont été recrutés par d’autres personnes. Donc, j’avais un problème d’effectif. Finalement, j’étais obligé de faire monter quelques joueurs de l’équipe junior. Nous avons eu des problèmes au niveau de l’infirmerie avec beaucoup de joueurs blessés. C’est pour vous dire que mon effectif avait été réduit en un moment donné.

Je pense que les supporters djolibistes n’ont pas été patients. Ils voulaient coûte que coûte des résultats immédiats, malgré ces conditions très difficiles. La patience des supporters a vraiment fait défaut. Ils auraient pu comprendre que moi j’avais pris le train en marche puisque la saison avait démarré. Et je n’avais pas la possibilité de recruter. J’avais commencé à faire un travail de fond et les gens ne voient pas ce travail. Ils veulent tout simplement le résultat immédiat. Voilà le problème. Moi, je ne veux pas travailler dans ces conditions. Si on recrute un entraîneur, il faut lui donner le temps nécessaire pour former un grand club et il a besoin d’un travail à la base aussi bien qu’au sommet. C’est ce que nous voulions faire en même temps, mais nous n’avons pas eu le résultat escompté. Moi, j’avais signé un contrat de deux ans, malheureusement, je pars à sept mois seulement.

Avez-vous le regret de quitter le Djoliba, après quelques mois seulement ?

Je quitte le Djoliba avec beaucoup d’amertume. Je sais qu’il y a beaucoup de joueurs qui vont pleurer après mon départ parce qu’ils m’aiment. A vrai dire, je regrette de quitter le club, mais j’espère revenir un jour au Mali, peut-être dans un autre club ou au Djoliba. J’ai passé une saison pleine de sentiment, d’amitié et nous avons fait un très bon travail. Je pense que les joueurs eux-mêmes sont conscients de cela.

Si on vous demande de tirer le bilan depuis que vous étiez à la tête du Djoliba, que diriez-vous ?

Il est très difficile de tirer le bilan. Mais, je sais que nous avons obtenu un résultat positif. Il reste six matches pour le Djoliba dans le championnat national Ligue 1. Je suis convaincu que certains matches sont à la portée du club. Mais, je veux laisser le soin à la direction du Djoliba de désigner mon successeur afin de gérer le reste de la saison.

Quel sera l’avenir de Abderrazak Chlih ?

Oui, j’ai eu des propositions en Guinée, au Cameroun et au Maroc. Pour le moment, je n’ai pris aucune décision concernant ma future aventure.

Que pensez-vous du football malien en général ?

Je pense que j’ai passé un séjour très intéressant au Mali. J’ai une idée générale sur le football malien. Je pense que le Mali est un trésor de joueurs très talentueux, malheureusement, il manque des conditions matérielles et financières, pour être l’une des meilleures nations de football en Afrique. Les joueurs maliens ont beaucoup de qualités. Je pense qu’il est important que le football malien se professionnalise. Il faut qu’il soit dirigé par des gens compétents et que les supporters adhèrent à la politique des dirigeants. Comme ce fut le cas au Djoliba où je peux dire que j’ai eu de très bons dirigeants. Nous avons mis ensemble en place un plan de travail, malheureusement nous étions confrontés à un problème financier.

Réalisé par Alou B. HAÏDARA
SOURCE: L’Indépendant  du   4 août 2014.