A une semaine de l’investiture tant attendue de Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis d’Amérique, bon nombre de questions restent pendantes concernant la future politique étrangère de la première puissance. L’Afrique, particulièrement absente de son programme de campagne, pourrait voir disparaitre tous les programmes de partenariat mis en place par l’Administration Obama. Car contrairement à une certaine idée reçue sur le continent, le président sortant a fortement augmenté l’implication des USA en Afrique ces huit dernières années, notamment en renforçant la coopération économique. Les craintes sur le continent sont d’autant plus justifiées que Donald Trump a fait montre d’un mépris souverain vis-à-vis de l’Afrique tout au long de sa campagne présidentielle.
En attendant son investiture prévue le 20 janvier prochain, bon nombre de gouvernements en Afrique se font un sang d’encre. Et pour cause, les multiples programmes économiques de partenariat mis en place par Obama à l’endroit de l’Afrique représentent une réelle manne à ne point négliger. Au cours des huit années de la présidence Obama, l’aide au développement accordée par les Etats-Unis au continent africain a augmenté de 70 %, passant de 5 milliards de dollars en 2007 à 8,5 milliards de dollars par an en moyenne.
L’Afrique est ainsi devenue, à partir de 2011, la première région bénéficiaire de l’aide américaine devant l’Asie, selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans le top 10 des pays bénéficiaires au monde, cinq sont africains : le Kenya se classe 1er pays bénéficiaire en Afrique suivi de l’Ethiopie, la Tanzanie, le Soudan du Sud et le Nigeria, tous des pays anglophones.
Tous ces chiffres mettent un gros bémol à l’idée reçue sur le continent que le président Obama n’aurait accordé aucun intérêt à l’Afrique. Bien au contraire, il aura été, tout au moins, l’un des présidents américains les plus « africanophiles » après Bill Clinton et Georges W. Bush.
Les entreprises américaines toujours plus impliquées sur le continent
Le président Obama aura activement soutenu et mis en place la politique de Bill Clinton pour le continent. Il s’agit de l’AGOA (African Growth and Opportunies Act) en 2000 qui permet à 39 pays africains éligibles au programme d’importer aux Etats-Unis en franchise de douanes certains de leurs produits. L’AGOA a été renouvelée en septembre 2015 pour dix ans. Mais Obama a aussi apporté sa marque en inaugurant à Washington le premier Sommet des leaders américains et africains en 2014.
L’engagement personnel d’Obama pour l’Afrique
En 2012, l’idée de l’implication des USA en Afrique était intitulée : « croissance durable à travers le commerce et l’investissement ». Si les échanges Amérique-Afrique ont fortement augmenté, ils restent toutefois loin des performances atteintes par les entreprises chinoises sur le continent. Fin 2015, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique frôlaient les 300 milliards de dollars soit près de dix fois plus que ceux des Etats-Unis.
Power Africa, lancé en 2013, est une initiative personnelle de Barack Obama. Dernier-né de son implication en Afrique, elle est une vitrine de son engagement dans la lutte contre le changement climatique à travers la promotion des énergies renouvelables. Ce programme est un outil pour faire reculer la pauvreté en contribuant à améliorer l’accès à l’électricité à quelques 600 millions d’africains qui en sont encore privés.
La question que l’on est en droit de se poser à quelques jours du 20 janvier de l’investiture du « president elect » est celle de savoir, que deviendront ces nombreux programmes pour l’Afrique avec l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche ? Cela fait partie des multiples incertitudes qui planent désormais sur les relations Etats-Unis-Afrique.
Ahmed M. Thiam
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