Le Rassemblement pour le Mali (RPM) traverse une zone de turbulence, qui se ressent aussi bien dans les structures du parti, qu’à l’Assemblée nationale. Au-delà des scènes de pugilats qui ont été rapportés par la presse, la crise de leadership que traverse le parti présidentiel ne serait pas étrangère au malaise qui plonge l’Assemblée nationale dans l’impasse, avec le refus des députés de siéger en séance plénière. Quand le RPM s’enrhume, l’Assemblée nationale éternue.
Les manifestations de la crise de leadership et de succession au RPM datent du choix d’un nouveau Premier ministre, après la démission de Oumar Tatam Ly. Le choix de Moussa Mara comme Premier ministre a été l’illustration parfaite, que le président n’a pas de dauphin et qu’il doit aller au besoin, chercher dans les ‘’niailles’’ l’homme à tout faire.
A-t-il tort si le président de la République rappelle très souvent qu’il n’a pas été élu par le RPM seul, mais par tout un aréopage. Ce qui a expliqué le choix de Oumar Tatam Ly, de Moussa Mara et de Modibo Kéita, c’est l’absence de personnalité forte, qui en impose par sa connaissance du pays et des hommes, la force de ses arguments et sa capacité d’écoute.
Pour la succession d’IBK à la tête du parti, qui connaîtra son épilogue, lors du prochain Congrès du RPM. Si Boulkassoum Haïdara a pris une longueur d’onde en se hissant à la tête de la présidence de la Coalition des partis de la majorité présidentielle, Bokar Treta quand à lui, ne s’est jamais avoué vaincu dans la course vers la présidence du RPM. Il déclare publiquement que le RPM va relever seul le défi de la réélection d’IBK. La réalité est que le secrétaire général du RPM, Bokar Treta veut clouer le menton au chef pour qu’il ne puisse plus dire au gré de ses interventions, qu’il ne doit pas au RPM, sa réélection.
Son vis-à-vis, Boulkassoum Haïdara préfère lui rester sur une lancée opposée, où il faut admettre les limites du RPM et penser comme IBK, tout en misant sur les partis alliés, et même sur l’opposition politique. Le président IBK aurait l’habitude de dire, selon les proches du palais, et il l’a rappelé lors de la cérémonie de présentation de vœux, qu’il choisira la compétence partout où elle se trouverait, qu’elle soit au sein de la majorité ou de l’opposition, peu importe la coloration.
La bataille fait rage à l’Assemblée nationale, où en dépit d’autres questions de gestion et de gouvernance, le positionnement au sein du RPM pour les assises des 16 et 17 juillet semblent être les motivations profondes du malaise que traverse le Parlement mettant aux prises la présidence de l’institution et ses organes dirigeants.
Le président de la discorde
En filigrane les coups de gueule, rapporté par notre confrère L’Indépendant, entre l’honorable Mamadou Lamine Wagué, député (URD élu à Banamba et démissionnaire pour le RPM) et Korotoumou Diané, assistante du groupe RPM, militante de première heure et Secrétaire à l’Organisation du Bureau national des femmes du RPM. Le premier trouve la seconde au téléphone qui déclare : « Non, je ne suivrai pas Issiaka Sidibé. Je ne suivrai que la ligne de mon groupe parlementaire. Je ne suis pas quelqu’un parce qu’il est président de l’Assemblée nationale.
Le jour où Issiaka Sidibé deviendra le président du RPM, je démissionnerai du parti », rapporte L’Indépendant. Réponse du berger à la bergère, l’honorable Mamadou Lamine Wagué réplique : « Je m’en fous du groupe parlementaire ! Je m’en fous de ton président du groupe», vocifère l’élu de Banamba, un fidèle au président de l’Assemblée nationale. L’élu de Banamba ajoute : « c’est Moussa Timbiné, le président du groupe parlementaire RPM, qui a monté cette dame et toute la fronde de ces derniers jours contre le titulaire du perchoir », rapporte le confrère.
Enseignement : la guerre est ouverte au sommet pour le contrôle du parti présidentiel. La fronde est ouverte à l’hémicycle où le groupe parlementaire du RPM manifeste sa volonté de mettre au pas le président du Parlement Issiaka Sidibé et de réduire toute velléité de clanisme au sein du groupe parlementaire. Le groupe veut s’occuper de la discipline et du recadrage en son sein. Le président de l’Assemblée nationale, il est vrai prête le flanc en donnant les prétextes par sa gestion solitaire, clanique et patrimoniale du pouvoir. Il s’est attiré les foudres de la tendance opposée, qui veulent en profiter et régler pour de bon la question de leadership, en prélude au congrès. Qui sont les hommes de Issiaka Sidibé, de Boulkassoum Haïdara, ou de Bokar Treta ? A suivre
B. Daou