Ces quelques faits ont suffit pour faire sortir de leurs gonds des observateurs politiques et autres spécialistes des procès en sorcellerie sur une éventuelle candidature du Premier ministre sous la bannière de l’Adéma/PASJ. Pour certains, ces quelques éléments d’appréciation suffisent pour brosser le portrait robot du dauphin d’ATT qui, selon eux, n’est personne d’autre que l’actuel Premier ministre Modibo Sidibé.
« Trop simpliste comme argument et trop hâtif de trancher une question qui ne s’est jamais posée officiellement », soutiennent d’autres. Le silence prolongé du comité exécutif de l’Adéma/PASJ sur la sortie médiatique des deux cadres du parti laisse pourtant perplexe bien des Maliens qui n’ignorent pas la promptitude de l’Abeille à recadrer ses brebis égarées.
Après une semaine de bruits dans les médias, les deux dissidents du CE/Adéma ne parviennent pas à faire parler Dioncounda et ses camarades du comité exécutif. Leur silence est doublement interprété. Alors que certains estiment que ce silence face à la démarche de « Zou » et de Youba est de nature à saper les ardeurs et les convictions dans les rangs de l’Adéma, d’autres, au contraire, pensent qu’il est signe de la sérénité justifiée d’une Adéma requinquée et mature face à une équation qui ne s’est jamais posée officiellement, donc superfétatoire.
Le PM soutiendrait Iba Ndiaye
A l’Adéma, on estime que les propos tenus par les dissidents ne sauraient créer une impasse.
Primo : Zoumana Mory Coulibaly et Youba Diakité sont loin d’être les voix autorisées pour prendre une décision aussi grave au nom et pour le compte du peuple l’Adéma/PASJ, d’où la réaction d’un cadre du parti : « leurs déclaration n’engagent qu’eux seuls ».
Secundo : ils parlent au nom d’un homme qui n’a jamais exprimé sa volonté de briguer les suffrages de la Ruche pour ensuite se lancer dans la course à Koulouba en 2012.
Tertio : s’il a besoin du soutien de l’Adéma pour la présidentielle de 2012, il faudrait d’abord que son militantisme dans l’Adéma soit prouvé par lui-même, et qu’il en informe lui-même le comité exécutif du parti.
Le plus marrant dans tout cela c’est que Modibo Sidibé n’a jamais demandé à qui ce soit d’annoncer sa candidature. En tous cas personne, jusque-là, ne peut soutenir le contraire. S’il doit le faire, il devra répondre à des critères souligné dans l’appel à candidature lancé par l’Adéma et qui reste ouvert jusqu’au mois de mai.
Une source proche de Koulouba indique que le Premier ministre aurait nié face au président de la République Amadou Toumani Touré les rumeurs qui le donnent partant pour la course à Koulouba de 2012. En tant que personnalité de l’Etat, doit-il se mettre à démentir des rumeurs concernant sa personne comme celles distillées par Zoumana Mory Coulibaly, Youba Diakité, etc.?
En se prêtant à ce jeu, le PM aurait amené ses adversaires à lui demander des comptes sur les dossiers déjà bouclés tels que l’Initiative riz, la grève des enseignants, les bousculades mortelles survenues le 21 février 2011 au stade Omnisports Modibo Kéita à l’occasion du prêche de clôture de Maouloud de Chérif Ousmane Madani Haïdara.
Compte tenu de tous ces paramètres, la candidature de Modibo Sidibé sous les couleurs de l’Adéma ne ressemble pas à une réalité pour que les barons de ce parti en fassent un ordre du jour de réunion.
D’ailleurs, pour certains, Modibo Sidibé aurait du mal à se présenter candidat de l’Adéma sachant bien que parmi les candidatures déjà annoncées, il y a celle qu’il serait prêt à soutenir, à savoir celle d’Ibrahima Ndiaye (partant officiel), 1er vice-président du comité exécutif de l’Adéma et ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Ce dernier, grand ami de son frère aîné, le regretté Mandé Sidibé, ancien Premier ministre et ex-baron de l’Adéma, pourrait bénéficier du soutien de son cadet Modibo Sidibé, réputé être, selon son entourage, un moderniste qui accorde beaucoup de considérations aux valeurs sociétales et traditionnelles.
Jusqu’à preuve du contraire, le débat autour de la candidature de Modibo Sidibé apparaît comme un vrai faux débat qui ne semble pas préoccuper l’Adéma. Un parti qui est sorti indemne de toutes les joutes annoncées fatales à sa cohésion.
Pour que nul n’en ignore : les signes de maturité affichés par les Ruchers lors des derniers congrès du CE, des femmes et des jeunes, etc. ont surpris plus d’un observateur politique.
Markatié Daou
Le Débat 14/03/2011