Le Togo en route vers l’Alliance des États du Sahel ?

L’idée d’une possible adhésion du Togo à l’Alliance des États du Sahel (AES), formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, alimente les discussions en Afrique de l’Ouest. Confirmée par le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, cette volonté a été rendue publique via les réseaux sociaux, avant d’être retirée, signe d’une certaine prudence diplomatique.

Le Togo justifie cette démarche par des enjeux stratégiques : offrir un accès à la mer aux pays enclavés de l’AES via le port de Lomé, renforcer l’unité politique face aux défis sécuritaires, et promouvoir une souveraineté africaine débarrassée des influences extérieures. Déjà partenaire logistique majeur grâce à son port en eau profonde, le Togo ambitionne de consolider sa position économique et sécuritaire dans la sous-région.

Cependant, cette initiative pourrait aussi être motivée par la concurrence du Ghana. Le président John Dramani Mahama, récemment réélu, cherche à resserrer les liens avec les pays de l’AES et pourrait leur proposer un accès alternatif via le port d’Accra, menaçant ainsi la position privilégiée du Togo.

Sur le plan intérieur, les réactions sont partagées. Certains Togolais soutiennent une intégration à l’AES, tandis que d’autres appellent à la prudence, estimant que les priorités nationales — comme l’emploi et les services sociaux — devraient primer.

Le retrait de la publication du ministre Dussey soulève des interrogations sur la véritable intention du gouvernement. Pour plusieurs analystes, l’absence de déclaration officielle trahit une hésitation, notamment face à l’appartenance du Togo à la CEDEAO. De leur côté, les pays membres de l’AES restent silencieux, affichant seulement leur volonté de nouer des partenariats “gagnant-gagnant”.