Et si Merlin, ce magicien énigmatique était africain ? Le Testament de Merlin dans Théophile Briant (1891-1956) Veilleur d’un Phare Éternel et son étude approfondie par la femmes de lettres, Marie- Françoise Jeanneau invitent à réfléchir de nouveaux dialogues entre les littératures du monde et leurs imaginaires.
Issue de deux cultures, parfois de deux ou plusieurs pays, la diaspora africaine sait intimement que les choses peuvent toujours être vues sous différents angles. Si l’on fait un pas de côté, on peut toujours regarder les choses autrement. On peut toujours changer le château qui dort debout et nous qui sommes ses rêves.
Une lecture du Testament de Merlin dans Théophile Briant (1891-1956) Veilleur d’un Phare Éternel invite à se pencher sur quelques extraits dont les réflexions philosophiques nourrissent toujours encore notre quête d’existence :
« Nous sommes ici, me dit MERLIN, dans le cercle du passé, du présent et de l’avenir… Car, il faut que tu saches, ADRAGANTE, que les notions d’espace et de temps sont des béquilles pour nos intelligences mortelles, que le déroulement de notre vie n’est qu’un long mirage, dont nous comprendrons seulement le sens à l’instant de notre mort qui se confondra, dans un éclair unique, à celui de notre naissance… Ce sera comme si nous n’avions jamais été… Tâche de comprendre cela… La goutte de sperme dont tu es sorti et qui n’était elle-même qu’une étincelle de matière, sera l’équivalence exacte de ton cadavre, qui retournera dans l’impensable pour élaborer de nouvelles semences… Mais ton âme – la seule chose vraiment vivante et par conséquent éternelle, puisqu’elle n’a ni commencement, ni fin – sera provisoirement revêtue du fantôme que tu lui auras construit dans la lumière astrale… Ton apparence toujours saisissable, dans les prodigieux magasins de la mémoire, sera la résultante d’une part de ton destin d’autre part ta volonté agissant dans la plénitude de ton libre arbitre (…)
Source: Kevin Lognoné