Le silence assourdissant d’Alpha Oumar Konaré

Il est vrai que la bande à Sanogo était un groupe de soldats sans foi ni loi. À y voir de près, la mort du colonel Youssouf Traoré, la vidéo et puis la disparition des bérets rouges, Alpha aura eu toutes les raisons de se taire. Condamner le coup de force, était suicidaire, même s’il est vrai qu’aucune personnalité d’envergure nationale n’a été tuée par les Sanogo. L’approuver, était aussi suicidaire. Car, approuver, allait le mettre à jamais au banc de la Communauté internationale. Fini alors les missions bidon, comme médiateur en Égypte pour un Alpha qui devait réconcilier les Egyptiens qui parlent Anglais et Arabe. Ces deux langues qu’il ne comprend pas du tout.

Alpha, force est de le constater, a toujours été quelqu’un qui, dans ses luttes, se cachait. Il était le vrai patron du journal  »Les Échos », journal à importance capitale dans la chute de Moussa Traoré. Et pourtant, il n’avait pratiquement signé aucun article. Il était dans l’ombre, écrivait presque tout. Il cordonnait tout et savait ce qu’il voulait : le pouvoir.  Donc, ne pas réagir, travailler en cachette, c’est cela toute la personnalité d’Alpha. Alpha peut-il parler ? En ce moment précis de notre existence en tant que Nation, il lui est difficile de parler.

Examinons quelques secteurs. L’Armée. Il est la cause principale de l’effondrement de notre armée. Alpha a organisé la Flamme de la paix. Et, pourtant, en historien, il aurait dû faire sien l’adage selon lequel : «Qui veut la paix, prépare la guerre». Ce qu’il n’a pas fait. À quoi servirent donc les thèses d’histoire d’Alpha Oumar Konaré et de son épouse Adam Ba Konaré pour le Mali ? En toute évidence, à rien. C’est du concret ici. Il a nommé à gogo des officiers colonels, généraux, à efficacité nulle. Maîtres de la parade autour des jeunes filles et jeunes femmes à Bamako. Son premier fils, qui a échoué dans les Universités françaises et canadiennes,  eut droit à son EMIA spéciale pour être officier. Ce genre de mesures, de faveur, ont le mérite de détruire les ardeurs patriotiques des autres officiers et de la troupe, et des Maliens, tout court.

Le Vol. Nous savons tous que le vol, la corruption, l’impunité sont à la base de  nos maux, de tous nos maux. C’est sous le règne d’Alpha que nous avons eu des ministres milliardaires. Alpha a intérêt donc à se taire, il s’est auto-disqualifié.

L’Ecole. Alpha est fils d’enseignant (Dougoukolo Konaré) qui fut, pour mémoire, le premier Inspecteur d’enseignement fondamental malien. Alpha est enseignant. Il est époux d’une enseignante (Adam Ba). Frère d’enseignant (Bakary Konaré). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est sous son règne que l’école malienne a amorcé sa descente aux enfers.

Alpha, à tous points de vue, n’a rien à dire aux Maliens. Mais, s’il souhaite être utile à son peuple, il n’est jamais trop tard. Il doit prendre sa plume, publier une tribune, aidé par sa femme qui serait elle, dit-on, courageuse, car ayant répondu à Sarkozy pour son discours de Dakar. Dans cette tribune, Alpha se doit de dire à IBK : «Mon cher, ça ne va pas ; la corruption doit être combattue. Car le Mali traverse une crise aiguë d’identité». Cette tribune doit être signée de la main d’Alpha. Au moins pour une fois, il se doit de nous épauler à rendre IBK patriote au regard des circonstances.

Boubacar SOW

boubacarsow@hotmail.fr

Source: Le Reporter 2014-12-23 18:45:19