Le rugby féminin débarque à Paris

Honneur aux dames ! La septième Coupe du monde féminine de rugby démarre le 1er août en France. Sept années après son Mondial masculin, l’Hexagone organise un nouvel évènement de taille pour mettre encore une fois le rugby dans la lumière. Même s’il s’agit de rugby féminin. Cette organisation vise en fait à démontrer que la France a l’objectif de ne pas négliger les sportives.

« Le rugby féminin offre un spectacle exaltant. Le rugby est un sport pour les hommes et les femmes de tout âge », commente volontiers Bernard Lapasset, président de la Fédération internationale de rugby (IRB). « On est très heureux d’accueillir les meilleures équipes du monde. Cela va mettre en valeur, encore un peu plus, l’évolution du rugby féminin dans le monde », analyse-t-il.

1 500 000 pratiquantes dans le monde

Une évolution qui passe forcément par une médiatisation. Lors de cette compétition, 138 pays diffuseront les rencontres et elles seront en direct aux États-Unis. Car le rugby féminin a encore besoin de visibilité. Dans le monde, elles sont 1,5 million à pratiquer cette activité (140 pays sont affiliés à l’IRB). La France compte désormais 13 000 licenciées, soit 30% de plus que lors du dernier Mondial en 2010. Si les résultats sont à la hauteur des espérances pour les Bleues, le nombre d’inscriptions dans les clubs pourrait être en progression dès le mois de septembre prochain. Il faut rappeler que l’équipe de France féminine a remporté le dernier Tournoi des Six nations. « Contrairement aux pays anglo-saxons, on sait très bien que c’est compliqué en France d’avoir un sport féminin qui peut s’exprimer. Et grâce à ce Mondial, on va montrer qu’il y a une vraie place pour le sport féminin, et qu’il ne faut pas hésiter à frapper à la porte des clubs », lance Bernard Lapasset.

« C’est un rêve de jouer en France », dit Gaëlle Mignot, capitaine des Bleues. « La dernière fois, on a échoué à la plus mauvaise place (4e) et on espère qu’à domicile, on va réussir, même si la Nouvelle-Zélande est encore favorite ». Comme dans la majorité des pays, le rugby féminin français est amateur. Mais ses pratiquantes sont des athlètes de haut niveau. Selon Pierre Camou, président de la Fédération française de rugby, « pour ces sportives de haut niveau, il faut mettre les mêmes structures en place pour y arriver ». Et d’ajouter : « Il ne faut pas se mentir et dire la vérité : il n’y a pas, actuellement, d’employabilité dans ce sport pour les femmes. Professionnel, c’est un métier ! Encore faut-il trouver des employeurs ». « Mais elles ont envie de jouer ce sport et c’est leur droit le plus absolu », défend Pierre Camou. « C’est aussi reconnaitre l’autre et ne pas faire de différence. Il doit y avoir l’égalité absolue entre les uns et les autres ».

En Afrique du Sud, le rugby féminin est récent

« C’est la première fois que l’on vient à Paris et c’est une chose incroyable », s’exclame Mandisa Williams, capitaine de l’Afrique du Sud. Pour elles aussi, le statut d’amateur et de mise, même dans un pays où le rugby est une religion. « Nous avons toutes un travail. En Afrique du Sud, le rugby féminin ne se développe que depuis une dizaine d’années. Mais nous allons dans la bonne direction, car les joueuses du rugby à 7 sont désormais professionnelles. Nous, pour l’instant, nous jouons pour le plaisir. Nous avons travaillé dur et notre fédération a beaucoup œuvré pour nous. J’espère que l’on va au moins atteindre les quarts de finale ».

« Nous avons toute un travail », lâche aussi Fiao’o Fa’amausili, capitaine des Black Ferns, l’équivalent féminin des All Blacks. Même dans La Mecque du rugby, les femmes n’ont pas encore le statut professionnel. Pourtant, en six éditions, la Nouvelle-Zélande s’est imposée à quatre reprises (1998, 2002, 2006, 2010). « J’espère qu’un jour on pourra en vivre ». « Mais c’est déjà un rêve d’être ici à Paris, de voir la Tour Eiffel pour de vrai », dit-elle en souriant. Plus sérieusement, Fiao’o Fa’amausili, qui rêve d’égalité, pense que les femmes « devraient pouvoir faire ce qu’elles veulent ». Elle cherche ses mots. « Personne ne devrait mettre de pression sur les femmes. Rien ne doit être impossible pour nous », dit-elle en balbutiant. En attendant, toutes savourent le fait d’être ensemble dans une ville que la plupart découvrent, avant de se lancer dans la mêlée.

RFI