Le procureur abandonne les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn

AFP – Le procureur de New York a demandé à la justice l’abandon des poursuites pour crimes sexuels contre Dominique Strauss-Kahn, ont annoncé plusieurs médias américains à la suite d’une audition de Nafissatou Diallo.

A la veille d’une audience cruciale de l’ancien patron du FMI, qui pourrait se voir mis hors de cause et autorisé à regagner la France après trois mois d’un extraordinaire feuilleton politico-judiciaire, plusieurs médias américains ont indiqué que le procureur avait demandé au juge de classer le dossier.

Interrogé par l’AFP, le bureau du procureur Cyrus Vance s’est refusé à tout commentaire sur ces informations.

Auparavant, Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui accuse « DSK » de lui avoir fait subir une relation sexuelle forcée le 14 mai à l’hôtel Sofitel de Manhattan, avait été reçue une dizaine de minutes dans le bureau du procureur.

Mme Diallo, gilet gris et pantalon noir, piercing à la narine droite, est restée silencieuse à sa sortie du bureau du procureur, alors que son avocat, Kenneth Thomson, dénonçait un déni de justice devant les dizaines de journalistes présents.

« Le procureur de Manhattan Cyrus Vance refuse le droit à la justice d’une femme victime d’un viol », a-t-il déclaré.
Me Thomson avait dit dès samedi au New York Times s’attendre à ce que Cyrus Vance abandonne les poursuites.

Le procureur, à l’origine de la spectaculaire arrestation de DSK le 14 mai, avait, un mois et demi après, émis des doutes sur la crédibilité de son accusatrice, et sa capacité à convaincre un jury. Il avait expliqué qu’elle avait menti à plusieurs reprises aux enquêteurs sur son passé et sur ce qui s’était passé tout de suite après les faits présumés. Elle avait également longtemps refusé d’admettre une conversation téléphonique -enregistrée- où elle aurait évoqué le 15 mai avec un ami emprisonné la fortune de M. Strauss-Kahn.

Dans une étonnante interview télévisée fin juillet, la jeune femme, illettrée, avait elle même reconnu des erreurs. Mais elle avait assuré qu’elle disait la vérité, en racontant les larmes aux yeux et avec force détails l’agression dont elle aurait été victime le 14 mai.

Une condamnation au pénal ne peut être obtenue à New York que par un jury unanime, convaincu « au delà du doute raisonnable ».

Si le juge acceptait mardi une motion d’abandon des charges de la part du procureur, ce qui selon les experts est hautement probable, Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, serait libre de quitter immédiatement les Etats-Unis.

Le formidable bras de fer judiciaire, qui oppose depuis trois mois l’ancien patron du FMI et une femme de chambre guinéenne du Bronx, pourrait ainsi trouver son épilogue sans que l’on sache jamais ce qui s’est passé dans la suite 2806 du Sofitel.

Nafissatou Diallo accuse DSK de l’avoir agressée et contrainte à une fellation alors qu’elle venait faire le ménage en croyant la chambre vide.

M. Strauss-Kahn, auquel cette affaire a coûté son poste de directeur général du Fonds monétaire international, a plaidé non coupable le 6 juin. Ses avocats ont parlé d’une relation consentie, et décrit une femme uniquement intéressée par l’argent.

La fin de la procédure pénale ne met cependant pas un point final à l’affaire aux Etats-Unis. Les avocats de Nafissatou Diallo ont en effet lancé au début du mois une procédure civile devant un tribunal du Bronx pour obtenir des dommages et intérêts après l’agression « violente et sadique » contre leur cliente.

 

France 24 22/08/2011