Les vagues de soulèvement que les Magrébins ont connu en 2010 sont encore loin d’aboutir à une situation stable dans les pays concernés. D’une part, ces révolutions n’ont pas été bien structurées sur le plan politique dans certains pays. Et d’autres part, la mauvaise coordination des luttes armées et la distribution inconséquente des moyens de lutte a été plutôt favorable aux groupes armés obscurs. Le cas libyen en est un exemple frappant, la chute du Guide de la Révolution a permis, sans doute, aux populations libyennes de se libérer du régime totalitaire. Mais elle a aussi créé des opportunités pour des groupes touarègues maliens qui constituaient une partie intégrante de l’armée libyenne de se doter des moyens de défenses conséquents pour engager la lutte à leur retour au Mali.
Ainsi, ces groupes sont venus rejoindre d’autres groupes séparatistes pour former un mouvement de lutte pour la libération d’un Etat imaginaire. Ils ont mené des attaques coordonnées et ciblées contre les différentes positions de l’armée malienne pendant des semaines, ce qui a provoqué la déroute de l’armée malienne au front. En profitant de cette confusion, le mouvement séparatiste s’est allié à des groupes islamistes afin d’aller plus loin dans leurs ambitions. Alors que ces groupes avaient déjà un projet comme ceux de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye, à savoir l’instauration d’un Etat Islamique. Comme nous l’avons constaté, cette coalition a volé en éclats par des affrontements entre les deux factions.
Mais les islamistes ont pris le dessus sur les séparatistes. A la longue, ils sont devenus les maitres des lieux. De même que les acteurs des printemps arabes aspiraient à la liberté, à l’égalité et à la justice. Mais ces groupes islamistes armés ont profité du chao ou de la confusion pour détourner les idéaux de la révolution et confisquer le pouvoir. Et cela, soit par la voix des urnes ou par la voix des armes. Actuellement, c’est la situation qui prévaut dans la plupart de ces pays qui ont connu le printemps arabe avec la résurgence de la violence au quotidien. Les relations entre le MNLA et les Djihadistes n’ont pas pu échapper à cette logique de la montée en puissance d’un islam radical au Mali.
Ousmane Baba Dramé
Le Républicain Mali 2013-03-01 02:07:20