Monaco – Le milliardaire russe et président du club de foot de l’AS Monaco Dimitri Rybolovlev a été inculpé jeudi à Monaco pour « complicité d’atteinte à la vie privée », en marge du litige qui l’oppose au marchand d’art suisse Yves Bouvier, a-t-on appris de source judiciaire.
« Il a été inculpé pour complicité d’atteinte à la vie privée dans le cadre de la plainte déposée par Tania Rappo », une amie bulgare qui avait présenté M. Bouvier à M. Rybolovlev en 2003, a-t-on indiqué de source judiciaire.
« Il n’y a pas de lien avec l’enquête contre X pour trafic d’influence » déclenchée le 22 septembre par le parquet après la mise en cause dans la presse de hauts fonctionnaires de police et de l’ex-garde des Sceaux monégasque Philippe Narmino, soupçonnés d’avoir manqué de probité et servi les intérêts du Russe, a précisé le procureur général de Monaco Jacques Dorémieux à l’AFP.
M. Rybolovlev est au coeur d’une affaire d’escroquerie l’opposant au marchand d’art suisse Yves Bouvier grâce auquel il a investi une partie de son patrimoine dans une collection de toiles d’une valeur estimée à 2 milliards de dollars.
MM. Rybolovlev et Bouvier avaient été mis en contact par Tania Rappo, une amie bulgare de la famille Rybolovlev qui se plaint d’avoir été subrepticement enregistrée pour monter un piège contre M. Bouvier, d’où ce volet connexe de l’affaire qui s’est muée ces dernières semaines en un scandale à Monaco.
A la fin de son audition, M. Rybolovlev a quitté le palais de justice de Monaco en s’engouffrant rapidement dans un van noir aux vitres teintées, sans faire de déclaration, a constaté un photographe de l’AFP.
C’est la première fois que M. Rybolovlev, surnommé dans la presse le « tsar de Monaco » depuis qu’il a pris les rênes du club en 2011, est mis en cause par la justice de la Principauté. Jusqu’à présent, l’oligarque n’avait que le statut de victime dans la retentissante affaire d’escroquerie dont il accuse M. Bouvier depuis 2015.
Son audition jeudi par le juge Edouard Levrault n’a duré que quelques minutes, a précisé Jacques Dorémieux : « Contrairement à l’inculpation en droit français, on se contente (en droit monégasque) de notifier les charges et la personne ne fait pas de déclaration. Donc, c’est une formalité procédurale, il n’y a pas d’interrogatoire et c’est renvoyé à une autre date pour être entendu sur le fond ».
Lors d’un dîner au domicile monégasque de Dimitri Rybolovlev le 23 février 2015, l’avocate du Russe, Me Tetiana Bersheda, avait réalisé un enregistrement de la soirée, transmis ensuite à la police monégasque assorti d’une retranscription et de commentaires.
Mme Rappo, objet de l’enregistrement, avait été interpellée deux jours plus tard par la police monégasque, puis avait porté plainte pour atteinte à sa vie privée.
Pourquoi le Russe est-il inculpé maintenant alors que l’enregistrement était aux mains de la justice monégasque depuis 2015 et que Mme Bersheda a été inculpée dès 2016 pour atteinte à la vie privée? « Les enregistrements du téléphone de Mme Bersheda ont été exploités à l’été 2017, ce qui a changé la configuration », répond M. Dorémieux.
(©AFP / 19 octobre 2017 11h10)