La nouvelle de la garde à vue du puissant Président de l’Assemblée permanente des chambres d’Agriculture du Mali, APCAM et de surcroit vice-président du Rassemblement pour le Mali, RPM, parti majoritaire au pouvoir, a fait le tour de la capitale le jeudi 12 septembre 2019. Et le vendredi 13, Il a été inculpé par le 8e Cabinet d’instruction du Pôle Économique et Financier de Bamako. Placé sous mandat de dépôt, Bakary Togola a été déféré à la Maison centrale d’Arrêt de Bamako 24 heures seulement après sa garde à vue. Cette arrestation est-elle le fruit du combat de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage, PCC ? Le Gouvernement n’a-t-il pas cédé à la pression des investisseurs qui conditionnent leurs financements à des garanties de sécurité et de justice ? IBK a-t-il enfin lié l’acte à la parole ?
Qui aurait cru il y a six mois que le principal animateur de la campagne pour la réélection d’IBK allait subir les foudres de la justice ? Et pourtant, c’est fait ! Ce vendredi 13 septembre 2019. Bakary Togola, a tellement mouillé le maillot pour la réélection d’IBK qu’il pensait être à l’abri des poursuites judiciaires. Les charges retenues contre le Président de l’APCAM sont si lourdes que si la justice est rendue comme elle se doit, il risque gros.
En effet, elles porteraient entre autres sur des cas de : détournement de fonds publics, de faux et usages de faux en écritures. On peut se poser la question de savoir si le coup d’essai relatif à la plainte collective de la PCC est en train de devenir le coup de maître avec l’arrestation de gros calibres ? Si la Plateforme de lutte contre la Corruption et le chômage n’est pas la seule association de lutte contre la corruption, elle semble être celle qui a été la plus incisive avec sa plainte collective contre plus de 8000 fonctionnaires. Le Professeur Clément Dembélé et les membres de sa plateforme se sont battus des mois durant pour que justice soit faite, ils peuvent s’estimer heureux, même si cette arrestation était une goutte d’eau dans l’océan des corrompus.
Comment celui qui se croyait intouchable grâce à ses accointances avec le cercle très restreint du pouvoir a-t-il pu être lâché par ses amis, à commencer par le Président de la République ? Sera-t-il le seul agneau sacrificiel parmi les loups ? Est-il le seul coupable, à qui le prochain tour ? Ces questions méritent d’être posées, surtout quand on sait que la corruption est endémique au Mali et que les faits reprochés à M. Togola pourraient l’être à beaucoup d’autres cadres, anciens ministres, Premiers ministres et officiers supérieurs de l’armée.
Le Président de la République semble respecter cette fois-ci sa parole donnée, lui qui a promis lors de la 9ème session du conseil supérieur de l’Agriculture qu’un audit sera fait et ceux qui se seraient rendus coupables de détournements répondraient devant la justice. Ces propos ont été tenus quand Bakary Togola, le plus grand zélateur de la République, s’adonnait à son exercice favori, celui de la flagornerie sans mesure. Qui ne se rappelle pas de ses critiques vexatoires contre tous les candidats qui étaient opposés à IBK en 2018. Il les avait même menacés en demi-mot. Ses agissements cachaient mal les nombreuses bourdes, les malversations financières et autres détournements de fonds.
En somme, on ose croire que l’arrestation de Bakary Togola serait la première d’une longue série qui n’épargnerait personne. Car, par rapport à la situation dans laquelle se trouve le Mali, le gouvernement n’a d’autres choix que de passer à la vitesse supérieure pour donner des garanties aux nombreux investisseurs qui voudraient bien investir au Mali.
Youssouf Sissoko