«Une armée nationale qui gagne est celle qui bénéficie de la
confiance et de la complicité des civils…»
Le président de la Transition, M. Bah Ndaw, a sacrifié à la tradition
en s’adressant à la nation mardi dernier (19 janvier 2021) à
l’occasion du 60e anniversaire de l’Armée malienne.
Tout en rendant hommage aux pères fondateurs de cette armée et a salué
l’esprit de sacrifice qui a toujours caractérisé nos forces de défense
et de sécurité, le Chef de l’Etat a balisé les défis actuels en mettant
en parallèle les actuels défis militaires et la réussite de la transition
en cours. Dans les deux cas, la mobilisation de l’ensemble de la
nation est requise.
«Seul l’outil de défense nationale pouvait garantir notre indépendance en
tant que pays, notre souveraineté en tant que nation et notre intégrité en
tant que territoire» !
Telle était la conviction politique qui a favorisé la création de l’armée malienne le 20 janvier 1961 par le président Modibo Kéita.
Une conviction rappelée par le président Bah Ndaw dans
l’allocution télévisée prononcée mardi dernier (19 janvier 2021) à
l’occasion de la célébration du 60e anniversaire des Forces armées
maliennes (FAMa).
Pour le président de la Transition, la commémoration de la «Fête de
l’Armée» (20 janvier) n’est pas «un simple rituel».
Mais, a-t-il indiqué un appel à «la mobilisation, au devoir de servir et de protéger le pays.
Elle est un appel à l’unité et au rassemblement de tous les citoyens autour de
nos forces armées».
Et, malheureusement, ce 60e anniversaire de l’armée nationale s’inscrit dans «un contexte particulièrement éprouvant»
pour notre pays qui est en guerre depuis bientôt dix ans.
«Une guerre coûteuse en vies humaines, en ressources financières et en opportunités de développement», a rappelé le Colonel à la retraite Bah Ndaw.
Il a profité de l’occasion pour renouveler la gratitude de notre pays
envers la communauté internationale dont les armées sont à nos côtés
et il s’est aussi «très respectueusement incliné» devant la mémoire des
dignes soldats du Mali et des pays amis tombés sur le champ d’honneur.
«Leur exemple est une lumière qui nous accompagnera toujours», a
déclaré Bah Ndaw.
Le chef de l’Etat a placé cet anniversaire sous le
signe de «l’engagement patriotique de tous les Maliens pour la
refondation et la reconstruction d’un nouveau Mali, gage d’un avenir
radieux pour notre pays et notre peuple».
Et de rappeler que «jamais autant qu’aujourd’hui l’armée n’a été aussi
interpellée.
Jamais, elle n’a été autant appelée à s’investir de toutes ses
forces pour consolider notre nation ébranlée.
Jamais autant, l’armée n’a été sollicitée dans le cadre du renforcement de notre cohésion sociale ainsi que du rétablissement des compromis socioéconomiques et culturels que notre peuple a su construire au fil des siècles et des défis».
Pour les relever (défis), le chef de l’Etat a énuméré une batterie de
mesures comme l’adoption en cours d’une 2e Loi de programmation
militaire (LOPM 2) en vue de consolider les acquis de la première LOPM
; l’acquisition de certains matériels majeurs et la réalisation
d’infrastructures prioritaires ; l’intensification des opérations de lutte
contre le terrorisme, de sécurisation et de protection des populations et
de leurs biens…
La mobilisation générale requise pour sauver «un pays à la croisée
des chemins»
«Les défis de notre histoire immédiate indiquent que le pays est à la
croisée des chemins», a rappelé Bah Ndaw.
Ainsi, a-t-il martelé, «soit, nous nous ressaisissons et nous mettons le Mali au-dessus de tout et de nous tous. Soit nous fermons les yeux et nous entraînons à sa perte notre beau pays, notre plus grand bien». En tout cas le cap fixé pour la Transition n’est pas le sien, mais «celui du Mali», ce pays tant martyrisé auquel «nous devons tous quelque chose», pour lequel «nous devons tous faire un sursaut». Un Mali dont la Transition exige que «nous nous mobilisions tous».
«Une armée nationale qui gagne est forcément une armée qui bénéficie
de la confiance et de la complicité des civils vivant sur les théâtres
d’opération.
J’invite les populations et les soldats à nouer cette
complicité pour bouter hors de chez nous les groupes terroristes et
autres réseaux criminels», a indiqué le président de la Transition.
Il a terminé son allocution sur une note d’espoir, d’optimisme, en rappelant,
«j’ai foi en ce pays qui marche vers son destin et qui a tout pour être un
pays de progrès, de paix et de prospérité partagée. Nous pouvons
rendre le Mali aussi grand qu’il fut».
Pourquoi attendre alors pour faire battre nos cœurs à l’unisson et de les
vibrer de confiance sur les sentiers de la réconciliation et de la
reconstruction nationales ?
Moussa Bolly
Source: Le Matin