Lors de la remise de la lettre, le président de la République a été plus précis en ces termes : « Je vous engage à poursuivre la mise en œuvre de la lettre de cadrage du 13 novembre 2007, dont copie ci-jointe, que j’ai adressée à votre prédécesseur, laquelle est largement inspirée du Projet pour le Développement Economique et Social (PDES) sur la base duquel notre peuple m’a renouvelé sa confiance en 2007 ».
Le Président ATT a invité le Premier ministre Cissé Kaïdama Sidibé à accorder une attention particulière certaines questions précises, parmi lesquelles figurent « la réalisation des réformes politiques que j’envisage, après vingt (20) ans environ de pratique institutionnelle, pour corriger les insuffisances et combler les lacunes de notre système politique ».
Le président ATT persiste aves les réformes, au moment où des voix très audibles lui ressassent qu’elles ne sont guère une priorité à côté de l’urgence qu’il y a à préparer des élections régulières et transparentes. Des partis politiques aux autres organisations démocratiques, les acteurs sont nombreux à demander avec insistance la concentration des efforts du nouveau gouvernement dans l’élaboration d’un bon fichier sur la base du recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec), en faisant des cartes d’électeurs biométriques avec photo incrustée. Cela suppose l’élaboration d’un nouveau fichier. Leur option s’explique par une volonté de régularité et de transparence pour éviter que des contestations n’aboutissent aux violences et aux désastres qu’on a vu ailleurs tout autour de nous. Pour les besoins de la cause, de nombreux analystes pensent qu’il vaut mieux abandonner les reformes au profit de la préparation de bonnes élections.
Mais tel ne semble pas être du goût du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Kafougouna Koné, qui pense que l’ancien fichier peut être amélioré. On a compris qu’il était dans le sillage d’ATT qui lors de la remise de la lettre a dit que les conseils communaux, les députés aussi bien que les présidents ont été élus sur la base du même fichier. Mais la question est que tout ce qui est valable hier l’est-il aujourd’hui ? ATT ne doit pas attendre que la rue lui dise « an tè kôrôlen fè, fô fichier koura ! », car ce serait peut-être trop tard pour revenir à la raison. Le 25 mars, le Général Moussa Traoré persistait contre l’avis de tous, sur la tenue de son Congrès, avant l’ouverture politique. Le sort en a décidé autrement ! ATT semble ne pas se décider pour un fichier sur la base du Ravec, encore moins pour le report à plus tard des reformes. « Je vous demande de veiller avec la plus grande diligence à l’aboutissement des réformes politiques envisagées », a-t-il dit au Premier ministre. Nous y reviendrons !
B. Daou
Le Républicain 06/05/2011