L’un des temps forts de la visite du Premier ministre Moussa Mara en zone Office du Niger aura, sans doute, été la réunion de synthèse avec les cadres et les responsables des organisations paysannes de l’Office du Niger, le 6 septembre à N’Débougou.
L’occasion a été saisie par le Délégué général des producteurs, Abdoulaye Dao, représentant de trois syndicats, pour présenter à la délégation un catalogue de doléances en 8 points. La première a trait à la pression foncière. A l’appui de cette doléance, M. Dao a fait un petit calcul arithmétique: les 115 000 hectares aménagés, partagés entre 65 000 exploitations familiales, donnent une moyenne de 2 hectares par exploitation. Ce qui est, d’une manière générale, plutôt mince. Cette insuffisance en terres aménagées est imputable à une immigration excessive sur les terres de l’Office du Niger.
La deuxième préoccupation déclinée par le Délégué général des producteurs a trait au manque d’équipements. Seuls entre 35 et 40% des producteurs sont équipés. Le peu d’engouement que manifestent les banques pour financer le secteur agricole explique cette situation. Car, a précisé M. Dao, seuls 10 à 20% des producteurs ont accès au crédit bancaire.
S’agissant des difficultés liées à la commercialisation, en dehors du fait que les échéances tombent au même moment, c’est-à-dire le 31 mars – redevances eau, engrais, main d’œuvre, semences, les problèmes sont communs aux céréaliculteurs et aux maraîchers. Le manque d’unités de transformation n’arrange guère ce tableau, déjà préoccupant. A ce sujet, l’espoir est toutefois permis, avec l’avènement en cours de la ligne haute tension.
Entre droits de gérance, cahier des charges et contrat-plan et loi d’orientation agricole (LOA) se déclinent les problèmes de la gestion financière. Au chapitre des subventions, M. Dao a transmis au Premier ministre une doléance des producteurs susceptible de révolutionner la politique de subvention de l’Etat malien à l’endroit des agriculteurs: subventionner en aval les produits finis au lieu de subventionner l’engrais en amont.
La sixième doléance exprimée par M. Dao au nom des producteurs a trait à la multiplication de l’expérience gagnante des cages flottantes, une initiative créatrice d’emplois et de richesses, et son extension à tous les producteurs, y compris les délégués.
La septième préoccupation est relative au bon entretien du réseau primaire. Last but not least, les oiseaux granivores, qui pourraient être une menace pour les prochaines récoltes. Le Premier ministre Moussa Mara a dit avoir pris bonne note des différentes doléances avant d’instruire au ministre du Développement Rural d’apporter diligemment des mesures idoines aux différentes préoccupations.
L’Office du Niger, a-t-il martelé, sera au cœur du programme gouvernemental. Comme pour lier l’acte à la parole, le Premier ministre Mara a annoncé, séance tenante, la mobilisation prochaine d’un milliard de FCFA, en guise de fonds de garantie, pour le financement de la pisciculture, à laquelle un financement de plusieurs milliards de FCFA sera consacré. Dans un premier temps, 100 cages seront au programme.
Sur la lancée, le Premier ministre Mara a informé l’assistance d’un ambitieux programme d’aménagement de 200 000 hectares en vue, qui sera exécuté avec la Chine en quatre années, soit environ 25 000 hectares par an. Du jamais vu à l’Office du Niger. Une place de choix sera accordée au partenariat public-privé (PPP) dans la stratégie de valorisation.
Auparavant, la délégation du Premier ministre Moussa Mara, comprenant, entre autres, le ministre du Développement Rural, Bocari Tréta, le Gouverneur de la région de Ségou, Thierno Boubacar Cissé, et le PDG de l’Office du Niger, Ilias Dogoloum Goro, avait visité le Complexe Agroindustriel de l’opérateur économique Modibo Kéïta à Sanamadougou. Ici, M. Kéïta fait du maïs hybride sur 720 hectares, avec un rendement moyen de 10 à l’hectare, l’objectif à terme étant de 14 tonnes à l’hectare.
Au cours de sa tournée dans la zone Office du Niger, le Premier ministre Mara s’est également rendu dans des parcelles de canne à sucre et à l’usine N-Sukala. Cette usine est dotée d’une capacité de production de 105 000 tonnes de sucre par an. Elle a produit en 2013 22 800 tonnes de sucre. Avec Sukala sa, elle produit une importante quantité d’alcool (environ 9,6 millions de litres), qui est vendue au Burkina Faso.
La bagasse – résidu de la canne à sucre – permet la production de l’énergie électrique, soit 20 MW avec l’apport de Sukala sa. N-Sukala exploite sur ses parcelles 5 000 hectares de canne à sucre. Au nombre des difficultés auxquelles cette société structurante fait face figure en bonne place la mévente, liée à la concurrence déloyale.
A Kolongo, Moussa Mara a visité le projet Malibya Agriculture. Sur la base d’un bail emphytéotique de 50 ans, signé le 19 juin 2014 entre les deux parties et portant sur l’exploitation de 25 000 hectares, Malibya a soumis à l’Office du Niger son intention d’implanter une ferme expérimentale de production et de transformation de haricot blanc sur 200 hectares, en partenariat avec une société espagnole. L’Office du Niger a donné son avis favorable à cette proposition.
A Koulamba Wèrè, localité située dans les environs de Niono, le Premier ministre a inauguré le pôle de centralisation des produits maraîchers. Cette unité structurante, qui a coûté plus de 900 millions de FCFA, est appelée à booster la production, la transformation et le conditionnement des produits maraîchers, au grand bonheur des producteurs et de l’économie malienne, d’une manière générale.
Au nombre des objectifs visités figurent bien l’unité de production de la Société des Forgerons de l’Office du Niger (SOCAFON), la cage flottante de Macina, la parcelle du paysan-pilote Diabé Koné, la parcelle-test de fertilisation au phosphate naturel de Tilemsi granulé et la parcelle du système de riziculture intensif (SRI) de Kokry B.
S’y ajoutent le barrage de Markala, les ouvrages régulateurs et le canal adducteur au Point A et le système de régulation du fala de Molodo au Point B.
Au tout début, au cours d’une rencontre qui s’est déroulée dans la salle de conférences du Gouvernorat de Ségou, le PDG de l’Office du Niger s’était fait le plaisir de présenter à l’auguste délégation sa structure et la physionomie de la campagne agricole 2014 – 2015 qui se présente, d’une manière générale, plutôt bien.
Yaya Sidibé
Source: Le 22 Septembre 2014-09-11 13:38:00