Sur fond du conflit entre les forces gouvernementales éthiopiennes et celles de l’État régional du Tigré, le réseau social Facebook dit avoir retiré une publication du Premier ministre éthiopien appelant à « enterrer » les rebelles du Tigré en les combattant avec « n’importe quelle arme ».
Facebook dit avoir supprimé un message du Premier ministre éthiopien qui exhortait ses concitoyens à se soulever et à « enterrer » les forces rebelles du Tigré ayant occupé des villes clés et menaçant désormais la capitale, un an après le début du conflit dans cet État régional du nord du pays.
Le message d’Abiy Ahmed, publié dimanche, a violé la politique de la plateforme à cause d’incitation et de soutien à la violence, a déclaré à Associated Press Emily Cain, la porte-parole de Meta, la société mère de Facebook.
Le post a été retiré mardi matin, a-t-elle déclaré.
Sur son compte, suivi par 3,5 millions d’abonnés, Abiy Ahmed a appelé les Éthiopiens à prendre les armes pour bloquer l’avancée du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT).
Dans le message, M. Abiy a déclaré que l’avancée des rebelles « poussait le pays à sa disparition », et a exhorté les citoyens à se mobiliser « en détenant n’importe quelle arme ».
Facebook est-il sincère?
Les États-Unis et d’autres pays avaient mis en garde l’Éthiopie contre une « rhétorique déshumanisante » après que le Premier ministre, dans des commentaires faits en juillet, avait qualifié les forces du Tigré de « cancer » et de « mauvaises herbes », rappelle AP.Facebook a déjà été critiqué pour ne pas avoir fait plus afin d’empêcher que la plateforme ne soit utilisée pour inciter à la violence.
La lanceuse d’alerte Frances Haugen a transmis à la Security and Exchange Commission (SEC), l’autorité boursière américaine, des documents mettant en lumière le fait que le fonctionnement de l’entreprise semblait ne pas toujours correspondre au discours public de la direction.
Il a notamment été révélé que Facebook avait été averti être utilisé par des groupes armés en Éthiopie pour inciter à la violence contre les minorités ethniques.
S’exprimant lors d’une audience au Sénat américain en octobre, Mme Haugen a déclaré que l’entreprise « attise littéralement la violence ethnique » dans des zones comme l’Éthiopie en raison de son incapacité à contrôler correctement ses services en dehors des États-Unis.
Le conflit en Éthiopie
L’état d’urgence a été décrété dans le pays le 2 novembre, au moment où les combats faisaient rage depuis dimanche entre les forces éthiopiennes et les rebelles du FLPT autour de Kombolcha et de Dessie dans la région d’Amhara.
Le conflit dans le nord du pays a éclaté le 4 novembre 2020, lorsque les autorités ont lancé une opération dans le Tigré en accusant le FLPT, qui a dominé la vie politique du pays pendant une trentaine d’années, d’avoir attaqué une base militaire abritant des troupes gouvernementales.
Des milliers de personnes ont été tuées dans le conflit, des millions d’autres ont été déplacées et des centaines de milliers sont confrontées à la famine, selon l’Onu.
Les Tigréens, aussi appelés Tegréens ou Tigrayans, sont des résidents de la Corne de l’Afrique qui vivent dans la partie nord de l’Éthiopie. Il en existe également une importante diaspora, notamment aux États-Unis et en Italie. Ils parlent le tigrinya et sont chrétiens orthodoxes éthiopiens.
Anastassia VerbitskaÏa
Source: Sputnik