Au cabinet de la Primature, on nous apprend qu’il s’agit, pour le Mali, à travers cette visite, de passer en revue les principaux axes de coopération avec l’Algérie voisine. Si nos sources se veulent moins bavardes sur les détails de ce déplacement du Premier ministre dans la capitale algérienne, tout porte à croire que le programme de visite prévoit une rencontre avec le président Abdel Aziz Bouteflika.
A son arrivée à Alger, le Premier ministre malien donnait déjà le ton. « En plus d’être voisin, l’Algérie est un pays frère et ami du Mali et il le restera toujours », a affirmé Cheick Modibo Diarra dans une déclaration à la presse algérienne.
« Lorsque le Mali vit des situations telle que celle que nous connaissons aujourd’hui, la première étape de notre gouvernement, consiste à venir consulter en premier lieux nos voisins, amis et frères afin de pouvoir réfléchir à la voie à suivre et résoudre les difficultés que nous vivons », a déclaré le chef du gouvernement malien.
Vers une médiation algérienne
Le Mali, qui doit faire face à l’envahissement des forces étrangères, est aujourd’hui coupé en deux. Et depuis trois mois les principales régions du Nord (Gao, Tombouctou et Kidal) sont sous occupation de groupes armés du Mouvement national de libération de l’Azawad, Ançar Eddine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Les spécialistes du Nord sont formels : la résolution de la crise passe obligatoirement l’implication de l’Algérie. Ce qui faisait dire à l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, que « l’Algérie a les clés de cette crise ».
La coopération sécuritaire entre le Mali et l’Algérie reste très étroite, notamment dans le domaine de la rébellion touareg. En témoigne les nombreuses visites du président déchu Amadou Toumani Touré à Alger, et les dons de matériels de sécurité fait au Mali par ce pays. Mais l’implication de l’Algérie dans les différentes rebellions au Mali remonte véritablement en juillet 2006, où sous sa médiation, notre pays est parvenu à la signature du fameux « Accord d’Alger ».
Critiqués par les Maliens, ces accords n’ont pu résoudre définitivement la crise. Cheick Modibo serait-il parti à Alger pour une résolution par le dialogue de la crise ? Tout porte à le croire, selon de nombreux observateurs, qui restent convaincus que malgré le volontarisme du Burkina Faso, la clé de la sortie de crise reste algérienne.
Au chevet de Dioncounda
Le programme de voyage du Premier ministre prévoit également une visite ce jeudi 14 juin à Paris. Officiellement, il s’agit pour Cheick Modibo Diarra de « s’enquérir de l’Etat de santé du président de la transition, Dioncounda Traoré », en convalescence depuis son agression par un groupe de manifestants le 21 mai dernier.
S’il n’est pas prévu (officiellement) une rencontre avec le président français François Hollande ou son homologue Jean Marc Ayraut, il est sûr que le Premier ministre malien devrait aborder le sujet avec certaines autorités françaises. Car la question sécuritaire au Sahel est aussi une priorité pour Paris.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) détient treize Européens dans le Sahel, dont six Français. Deux géologues ont été enlevés le 24 novembre 2011 dans leur hôtel à Hombori dans le Nord de notre pays, entre Mopti et Gao. Les quatre autres, collaborateurs du groupe nucléaire public « Areva » et de son sous-traitant « Satom » ont été capturés au Niger le 16 septembre 2010.
Interrogé sur la question (au cours du débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française en mai dernier), le candidat socialiste mesure tout l’enjeu sécuritaire dans cette zone. Pour François Hollande, « il faut aider le Mali et ses voisins du Niger et de la Mauritanie, en mettant l’accent sur le renforcement de la coopération militaire avec ces pays pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé ».
Rente à savoir si ce périple du chef du gouvernement va marquer un tournant pour le Mali dans le but de recouvrer l’intégrité de son territoire.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du renouveau 15/06/2012