Mais dans les faits, tout indique que Cheick Modibo Diarra ne partira pas. En effet, depuis l’annonce de la formation d’un gouvernement inclusif, le Premier ministre a pris les devants pour se poser en interlocuteur incontournable de la CEDEAO, de la classe politique et de la société civile. Il est toujours en déplacement, à Dakar, à Abidjan, au Niger et, récemment, à Ouagadougou. Dans le pays des hommes intègres, Cheick Modibo Diarra est allé s’entretenir avec le médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré. Il lui a réaffirmé son accord, et surtout son engagement, pour former un gouvernement d’union nationale, avant de lui dévoiler sa feuille de route.
Auparavant, c’est à Paris qu’il s’était rendu pour échanger avec Dioncounda Traoré, qui, manifestement, lui a renouvelé toute sa confiance. Fort de ces atouts, il est aujourd’hui plus fort qu’hier. C’est pourquoi il s’est mis dans la position d’ouvrir largement le gouvernement. Parce qu’il est convaincu qu’il va continuer à diriger l’attelage gouvernemental. Aussi le Premier ministre a-t-il annoncé lundi soir à la Nation que sa feuille de route était enfin rédigée et qu’il comptait la soumettre à l’Assemblée Nationale, réunie en session extraordinaire, très bientôt.
La question que l’on est fondé à se poser est: et si les députés refusaient cette feuille de route? Le gouvernement va-t-il tomber, comme dans toute démocratie normale ou, malgré tout, va-t-il continuer à travailler?
Il est souhaitable que les élus du Mali ne nous amènent pas vers un scénario qui compliquerait encore la gestion de la transition. Parce que le FDR, qui ne veut pas du Premier ministre, est majoritaire à l’Hémicycle (avec l’ADEMA, l’URD, le PDES, le PARENA, le PSP et le MPR, peu actif dans ce regroupement). Le FDR a au moins une centaine de députés sur 147 élus. Si les élus respectent les consignes de leurs directions politiques, la feuille de route ne sera sans doute pas acceptée. Mais il n’est pas exclu que certains d’entre eux disent non à la politique politicienne. Sans compter que Dioncounda Traoré, qui s’entend bien avec son Premier ministre, peut bien demander à ses camarades élus d’approuver une feuille de route qu’il a lui-même acceptée.
En tout cas, le danger est réel. Il revient donc au Premier ministre de l’éviter, en menant toutes les concertations nécessaires avant sa venue devant l’Assemblée nationale et, si possible, en formant le gouvernement d’union nationale avant de demander la confiance des Honorables députés.
En tout cas, le Mali n’a pas besoin d’une nouvelle crise institutionnelle, car il peine déjà à résoudre celle que nous vivons aujourd’hui. Ne rajoutons pas à l’existant. Nous avons donc besoin de la conjugaison de toutes les intelligences des fils de notre pays pour sortir de l’impasse.
Chahana Takiou
22 SEPTEMBRE