Sans détours, le tout nouveau patron de la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, a évoqué les sujets brûlants qui entravent la bonne marche du processus de paix. Selon lui, la Minusma n’a pas besoin d’un autre mandat anti-terroriste pour combattre les terroristes.
Après avoir rencontré les autorités nationales, le nouveau chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a animé mardi une conférence de presse hier à la Maison de la presse. Cette première avec les journalistes a été mise à profit pour éclairer l’opinion malienne sur les actions de la Minusma.
Nommé le 23 décembre 2015, à la tête de la Minusma, l’ancien ministre tchadien des Affaires étrangère mesure la portée de sa mission dans notre pays. C’est pourquoi, il a insisté sur l’essentiel de ses tâches ; à savoir : garantir la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. A sa prise en fonction, le premier dossier sur la table était la réunion des acteurs du processus de paix qui se sont retrouvés à Alger.
Précision de taille du représentant du SG de l’ONU au Mali : « A Alger, c’était une concertation entre les différentes parties en raison du retard que prend la mise en œuvre de l’accord. Elle n’est pas une réunion du comité de suivi. Après Alger, je me suis fait une idée du fait qu’il y a deux camps pour la paix. Fait important, la reconnaissance unanime du drapeau malien. A Alger, nous avons suffisamment avancé et beaucoup de choses ont été faites dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord. Le 18 janvier dernier à Alger, est un pas important, car les signataires se sont parlés franchement ».
Les FAMa reconstituées
S’agissant des informations qui se font l’écho de l’échec de la mission onusienne, M. Annadif, a préféré calmer les ardeurs : « Il peut y avoir des insuffisances, mais la Minusma est là pour les Maliens. Le Mali et la Minusma doivent travailler à dissiper les malentendus. Faisons l’effort d’expliquer, de se comprendre et de parler le même langage ! »
Sur l’épineuse question de l’occupation de Kidal et le retour de l’administration, le chef de la Minusma s’en est référé au processus de paix. « L’accord est un processus et il a arrêté le retour de l’administration à Kidal. Des actions concrètes sont prises tous les jours à ce niveau. Il faut la confiance entre tous les Maliens. Les FAMa reconstituées avec les ex-rebelles vont s’entendre sur l’ensemble du territoire national. Le processus est lent mais il progresse. Un retour en arrière n’est plus possible », a-t-il souligné.
Le chef de la Minusma s’est voulu l’optimiste, car, dira-t-il, depuis la signature de l’accord, le cessez-le-feu est respecté et la confiance commence à retrouver sa place entre les signataires. Pour ce qui est du mandat des Nations unies au Mali et surtout comment faire face au terrorisme, M. Annadif a été on ne peut plus clair : « On n’a pas besoin d’un autre mandat anti-terroriste pour combattre les terroristes. Les terroristes sont les cibles que le Mali et tous les partenaires combattent », a-t-il précisé.
Pour le chef de la Minusma, l’engagement pris par le ministre de la Défense et des Anciens combattants en déplacement à Tombouctou en mettant à la disposition des sites de cantonnement des vivres et d’autres commodités est un bon présage. Même s’il n’a pas donné de dates pour l’effectivité du processus de cantonnement.
Alpha Mahamane Cissé