En effet, des responsables du parti, tapis dans l’ombre, se seraient mis au service de Cheick Modibo Diarra depuis plusieurs mois, pour affaiblir le MPR et conduire ses militants vers le parti du gendre du Général déchu. Ils n’y sont pas parvenus. Aujourd’hui, ils reprennent du poil de la bête à la faveur de ce forum, convoqué pour renouveler le Bureau Exécutif Central (BEC) et réaffirmer les principes démocratiques du parti du tigre, lequel, on le sait, revendique sans complexe l’héritage de la défunte UDPM, du moins ce qu’il y a de positif dans ce passé négatif. Déjà, des délégués ont entrepris de mettre le père- fondateur du parti en minorité et, par conséquence, de le destituer de la présidence. S’ils échouent dans cette entreprise, ils tenteront de poser la question de la candidature à la présidentielle d’avril 2012, bien qu’elle ne soit pas prévue à l’ordre du jour. Et, par la même occasion, ils essaieront de diviser la poire en deux : Choguel Maïga resterait Président et Cheick Modibo Diarra serait le candidat du parti. Voici les scenarii minutieusement préparés par les contestataires du MPR.
La question que l’on se pose est de savoir si Choguel Maïga va se laisser faire. Evidemment non! En homme politique averti, il se battra de toutes ses forces et tentera de mater ceux qui sont en mission pour Cheick Modibo Diarra. Homme de conviction et d’engagement, Choguel n’acceptera jamais que son parti s’aligne derrière des gens qui auraient pu, eux, tout donner au MPR, au lieu de tenter de le fragiliser et de le casser. En tout cas, destituer Choguel Maïga du MPR est une gageure.
Parce que la légitimité au sein du MPR, il ne la discute avec personne. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est sur des braises ardentes que ce Docteur en télécommunications a eu l’audace, après les évènements meurtriers de mars 1991, de créer, en juin 1993, l’UDPM rénovée, alors que les plaies de certains blessés n’étaient même pas cicatrisées. Le ministre en charge de l’Administration Territoriale d’alors, feu Pr Mohamed Lamine Traoré, a catégoriquement refusé de lui octroyer un récépissé. Il saisira la justice mais, avant même l’arrêt de la Cour Suprême, il créera SOS-UDPM, multipartisme intégral. Après deux grands rassemblements, le pouvoir dissout cette association, pour la colère et l’agitation incessantes de ses initiateurs. C’est dans ce contexte que l’arrêt de la Cour tombe, le 29 décembre 1994. Il est sans appel: l’UDPM ne peut plus renaitre sous ses sigles.
Quarante-huit heures après, une assemblée générale est vite convoquée pour porter sur les fonts baptismaux le Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR). Cinq jours après, le pouvoir lui accorde le récépissé. Alors commence pour Choguel Maïga et ses camarades une longue lutte de légitimité sur la scène politique, car ils étaient les diables de la classe politique malienne. Le leader du MPR, contre vents et marées, se forcera à répliquer à toutes les attaques, mensonges et diffamations à l’endroit de la défunte UDPM et de son Secrétaire général, Moussa Traoré. C’est ainsi que Choguel Maïga croisera le fer avec des cadres de l’US-RDA, de l’ADEMA, de SADI et de bien d’autres petites formations et associations politiques. Il multipliera les meetings, les conférences de presse, les interviews et parviendra à faire accepter son parti par ceux-là même qui le boudaient et le diabolisaient.
En 1997, il sera emprisonné suite à la débâcle électorale, avec des figures comme Seydou Badian Kouyaté et feu Mohamed Lamine Traoré. En 2002, il se retrouve dans une alliance politique avec le RPM d’IBK. Il s’agit d’Espoir 2002. Et, plus tard, l’ADEMA lui fait la cour à l’Assemblée nationale pour former une majorité au détriment du même RPM. En 2007, le voici dans une autre alliance, dénommée l’ADP, la majorité présidentielle d’ATT. Il sera, au sein de cette coalition hétéroclite, l’un des meilleurs alliés de l’ADEMA, le parti qui l’a le plus combattu. Ils continuent de faire chemin ensemble.
Par ailleurs, il faut reconnaitre que c’est grâce au MPR que Moussa Traoré et son régime ont été réhabilités par l’opinion publique et le pouvoir ensuite. Il sera donc très difficile de disputer la légitimité du MPR à un homme qui s’est dévoué corps et âme pour ce parti. Les militants, les vrais, du MPR ne seront sans doute pas dupes et sauront faire la différence entre le bon grain et l’ivraie. A suivre.
Chahana Takiou
22 Septembre 22/12/2011