Le Mali semble durablement s’installer dans une crise politico-institutionnelle sans précèdent. Cette crise sera désormais entretenue par deux Mouvements celui du Rassemblement des Forces patriotiques regroupant des partis politiques de l’Opposition, des associations de la société civile et des leaders religieux, tandis que le second mouvement a été mis sur les fonts baptismaux par des proches du Président de la République qui ne veulent plus rester inactifs face à ce qu’ils ont qualifié de projet de coup d’Etat. Si le M5 RFP demeure intransigeant sur la démission d’IBK et de tout son régime, la CFR dit niet en persistant qu’aucune institution ne bougera d’un iota avant la fin de leurs mandats selon la Constitution.
Avant la mobilisation de la Convention des Forces Républicaines ce samedi, on pourrait d’ores et déjà tirer une conclusion sur les forces et les faiblesses de chaque mouvement, à Commencer par le M5 RFP. Ce Mouvement à la fois hétéroclite et populaire, semble capitaliser les frustrations des nombreux citoyens d’où la grande mobilisation les 5 et 19 juin 2020. Le Mouvement du 5 juin a su également fédérer les associations et partis politiques qui sont opposés au régime d’IBK ce qui explique sa diversité et fonde sa richesse. Le M5 RFP en plus des messages qu’il véhicule, dénonce aussi les tares du régime qui sont entre autres la corruption le népotisme, l’insécurité, le déficit démocratique, le péril sur l’intégrité territoriale, la crise sociale aiguë. Ces maux suffisent pour mobiliser car ils touchent une grande majorité du peuple. Autre atout du M5 RFP serait le leadership de l’Imam Mahmoud Dicko qui ; aujourd’hui joue pleinement le rôle du chef de file de l’Opposition, Soumaila Cissé, kidnappé le 25 mars 2020. Mahmoud Dicko est crédité d’un capital- confiance qu’aucun leader politique malien n’a au sein de l’opinion, ce qui fait que son nom à lui seul suffit pour mobiliser. S’agissant des faiblesses du M5 RFP elles seraient liées à son caractère hétéroclite où se côtoient des partis politiques et d’associations qui n’ont pas la même idéologie et souvent d’intérêts divergents. Une autre faiblesse du M5 RFP est l’absence d’un minimum de programme commun et surtout d’un manque de vision partagée de l’après IBK.
Quant au second mouvement, à savoir la Convergence des Forces Républicaines, CFR, il aurait comme forces son accointance avec le pouvoir qui lui mettrait les moyens matériels et financiers nécessaires pour sa mission. Autre atout de ce mouvement serait l’apport inestimable de l’administration, à travers ses démembrements sur l’ensemble des zones qui sont sous contrôle de l’Etat. S’agissant des faiblesses, elles sont liées à la qualité des hommes et des femmes qui animent ce mouvement. La plupart des animateurs de la CFR n’inspirent non seulement pas confiance, mais aussi et surtout changent de position au gré de leurs intérêts ce qui fait qu’ils ne sont plus crédibles. Les animateurs de la CFR souffrent non seulement d’un déficit de crédibilité, mais aussi et surtout ne peuvent ni mobiliser, ni convaincre les citoyens à sortir. Autre faiblesse c’est le manque de leadership au sein du mouvement et la non justesse des causes défendues.
En somme, au regard de ce qui précède le M5 RFP a une ascendance certaine en termes d’adhésion, sur la CFR. Comme pour dire que le régime prendrait un risque certain en autorisant l’organisation d’un contre meeting, qui en cas d’échec radicalisera non seulement le M5 RFP, mais aussi prolongera la souffrance des maliens qui sont pressés de sortir de cet imbroglio.
Youssouf Sissoko