UN PROGRAMME DE PLUS DE 8000 Milliards CFA pour consolider son programme électoral de 2011 baptisé Programme pour la Renaissance du Niger, voilà ce que Issoufou Mahamadou a dévoilé dimanche devant ses militants. Sous le ciel des tropiques un tel acte est généralement un rituel sans lendemain. Mais au Niger, il est permis de parler de capitalisation. Car tout le bilan du président sortant est issu dudit Programme de renaissance transformé en bible pour les gouvernements qui s’y seront succédé. A cet égard, il faut souligner que la stabilité des équipes aura été un point fort de la mandature finissante avec un Premier ministre qui a traversé toutes les épreuves d’un pays dont la vie politique n’a pas de sosie.
A l’arrivée, un bilan physique impressionnant en termes d’infrastructures éducatives, sanitaires, routières; une approche de sécurité alimentaire et de création d’emplois qui a contenu la famine; une politique volontariste de défense et de sécurité qui a fait du Niger un verrou stratégique dans un espace de fragilités multiples. Dès lors, ce que le président nigérien a fait dimanche, c’est prendre une très séreuse option sur sa réélection au premier tour. Faux experts et prophètes du naufrage sahélien estiment impossible un tel exploit. Ils s’appuient en cela sur des données comme le poids de l’ethnie et de la région en politique nigérienne quand ce n’est pas sur le mythe de mandarins indéboulonnables devenus les ennemis irréductibles de Issoufou Mahamadou. Or le Niger est dynamique.
Peut donc y être renvoyé au statut de clichés ce qui hier pouvait relever de la certitude. Le président sortant n’aime t-il pas rappeler lui-même qu’aux dernières élections, les partis dits ethniques ont tous fait un score scandaleux? Quant aux légendaires incontournables, force a été de constater qu’ils n’ont pas été élus. Issoufou Mahamadou est en plus fort de sa longue expérience du marais politique local et il a les leviers du pouvoir. Les mêmes qui lui ont permis d’entamer une transformation profonde de son pays et de bénéficier d’une forte sympathie dans le pays profond et dans la communauté internationale. Son second programme prévoit d’investir dans des secteurs structurants le double du budget quinquennal du Niger à partir d’un système réaliste et innovant de levée de fonds.
Alors qu’il s’agira de consolider les acquis, le candidat cible certains segments: électrifier le Niger au moins dans cinquante mille de ses villages avec un coût très accessible de l’énergie; faire de l’armée nigérienne déjà classée treizième du continent, un corps d’excellence capable de relever les défis accrus d’un espace crisogene. Quant à l’axe emblématique du nouveau programme dévoilé, à savoir la renaissance culturelle du Niger, il sera la mère de toutes les batailles en ces temps où les valeurs s’effondrent les unes après les autres devant la tyrannie de l’argent- roi ou de doctrines mal assimilées. Pourtant, il n’y a aura de salut nulle part sans une reprise en main méthodique et déterminée de nos sociétés menacées dans leur existence comme dans leur essence.
Sans s’ériger procureur, le président nigérien avait évoqué les travers et les défis dans le livre biographique qui vient d’être consacré à son itinéraire et à ses convictions. « Les boutures de manioc » – c’est le titre du livre- renvoient au concept d’autosuffisance, de ce qu’il faut faire pour nourrir le corps. Mais pas que le corps. Le livre renferme une doctrine de l’homme et découvre une richesse spirituelle qui peut faire du second programme de Issoufou Mahamadou le laboratoire d’un nécessaire travail de gouvernance pour un Sahel d’humanité repensée et réconciliée avec les exigences d’un monde de plus en plus hostile aux pantoufles.
Adam Thiam