La signature par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali a été rejetée par la branche européenne du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). À l’origine de la rébellion touarègue en 2012, avec Ansar Eddine, le MNLA est accusé de trahison par ses pairs installés en Europe, principalement en France. Ce qui ouvre la voie à une inévitable scission au sein de ce mouvement, pouvant touché toutes les autres factions de la CMA et mettre en péril la mise en œuvre, sur le terrain, de l’accord de paix.
Le MNLA-Europe le dit d’une manière plus claire dans un communiqué qu’il a envoyé hier à notre rédaction. “Cette signature aux conséquences incommensurables pour la paix, la sécurité et le développement dans l’Azawad et au Mali plonge le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), mouvement leader de la CMA, dans la crise la plus grave que ce mouvement n’a jamais connu depuis sa création en octobre 2015”, lit-on dans le texte en question.
Et d’ajouter que “le texte de l’accord, signé par la CMA, fait une impasse totale sur les trois points essentiels”, inscrits sur la longue liste des revendications des mouvements du nord du Mali. “Il s’agit surtout de la reconnaissance d’un statut politique, territorial et juridique spécifique de l’Azawad, avec un mode de gouvernance adéquat induisant de larges compétences normatives, dans l’exploitation et la gestion du territoire, de ses ressources et en matière de sécurité”, expliquent les rédacteurs de ce communiqué, à leur tête Moussa Ag Assarid, qui tient à l’idée d’indépendance de la partie nord du Mali.
Dans son communiqué réquisitoire, le MNLA-Europe se réfère aux statuts adoptés par le mouvement pour justifier sa position de rejet de l’accord d’Alger qui constitue, selon lui, “un recul par rapport à l’accord de Tamanrasset du 6 janvier 1991 et au Pacte national, signé le 11 avril 1992, reconnaissant un statut particulier pour l’Azawad”.
“En s’associant à cette signature, les dirigeants du MNLA, en premier lieu, le secrétaire général de notre Mouvement, ont violé, en toute connaissance de cause, les textes du Mouvement qui interdisent formellement la prise d’engagements signés par un quelconque membre du Mouvement dès lors que de tels engagements portent sur la modification, la renonciation aux idéaux, objectifs du MNLA sans qu’ils soient autorisés par un congrès extraordinaire du Mouvement…”, rappellent les rédacteurs du communiqué dénonçant l’accord d’Alger.
Dirigée par Moussa Ag Assarid, la branche européenne du MNLA accuse ouvertement la médiation internationale d’avoir exercé des pressions sur la CMA, afin de l’amener à signer le 20 juin à Bamako l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Même s’ils affirment encourager le dialogue politique, les dirigeants du MNLA-Europe signifient leur intention de faire aboutir le projet que le MNLA s’était donné au début de sa rébellion en 2012 : l’indépendance de l’Azawad.
Aujourd’hui que le processus de paix a amorcé une phase cruciale, qu’est la mise en œuvre sur le terrain de ce qui a été convenu entre la médiation internationale, le gouvernement malien, les mouvements de la Plateforme d’Alger et la CMA, le rejet par le MNLA-Europe de l’Accord de paix risque de conduire à la naissance d’une nouvelle rébellion. Enfin, sans aucune puissance militaire, que valent peuvent Moussa Ag Assarid et alliés.
Avec Liberté-Algérie 23/06/2015