Le ministre Diarra lors de l’adoption de la Loi de finances 2016 «C’est un budget exceptionnel»

Igor Diarra

Dans le budget 2016, les prévisions de recettes s’élèvent à 1,828 milliards de FCFA contre 1,757 milliards dans le budget rectifié 2015, soit une augmentation de 70,855 milliards de F CFA. Sur ce montant, la part du Budget spécial d’investissement se chiffre à 515,050 milliards, ce qui constitue une première pour notre pays.

S’agissant des dépenses, elles s’élèvent à 2002,873 milliards de FCFA, contre 1 881,168 milliards dans le collectif budgétaire 2015, soit un écart de 121,705 milliards F CFA, qui représente un déficit de 174, 766 milliards de FCFA.

En défendant ce projet de Loi de finances devant les députés, le ministre de l’Economie et des Finances a tout d’abord assuré les élus de la Nation que le budget de 2015 connaît «un excellent taux» d’exécution, estimé à 90%. Abordant celui de 2016, il a indiqué que le cadrage budgétaire s’est fait sur la base des engagements du Mali auprès du FMI et des organisations internationales.

Igor a soutenu avec force et conviction «c’est un budget exceptionnel». Pour preuve: «c’est la première fois que le Mali atteint 1 000 milliards de F CFA dans les recettes. C’est aussi la première fois que notre pays atteint et dépasse 500 milliards dans le budget en termes d’investissement». Mieux, a-t-il ajouté, le gros de ce montant ira dans les infrastructures.

Il a estimé que la structure du budget consacrait plus de place à l’investissement qu’au fonctionnement, ce qui constitue à la fois une rupture et un pas de géant pour le Mali. Selon le ministre Diarra, tous ces investissements vont amener la croissance et créer de la richesse et beaucoup d’emplois.

Le ministre s’est également dit convaincu que ce budget était une avancée pour notre pays et correspondait mieux à ses réalités et à ses moyens. Une large part des dépenses sera injectée dans la défense et la sécurité, à hauteur de 315,655 milliards de F CFA. S’agissant du déficit budgétaire, il a affirmé que celui-ci était soutenable et à notre portée. D’ailleurs, s’est-il interrogé, «comment ne pas faire de déficits dans notre contexte?»

Les prévisions budgétaires sont fonction des grands axes de la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre. Le premier axe «Assurer la sécurité des personnes et la protection de leurs biens dans un environnement de paix». Dans ce cadre, le budget d’Etat de 2016 met l’accent sur la mise en œuvre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM), en dotant le secteur de ressources conséquentes, de 276,308 milliards de FCFA en 2015 à 315,655 milliards de FCFA en 2016, soit, en terme de ratio, de 14,69% à 15,62% des dépenses.

Le second axe, «Améliorer les conditions de vie et d’existence des populations», compte 15,01% du budget d’Etat 2016 accordés au développement rural. Enfin, dans le cadre du troisième axe, «Promouvoir la justice et l’équité», le budget du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme a été renforcé.

Une provision de 11 milliards de FCFA a été constituée pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et une dotation a été prévue pour le fonctionnement de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation.

Les dépenses du Budget Spécial d’Investissement (BSI) concernent 24 sous-secteurs regroupés en quatre secteurs, les infrastructures occupent la première place, avec 37,02% des dépenses totales, et 9,48% des dépenses budgétaires totales, pour le financement de 172 projets.

L’économie rurale, regroupant les sous-secteurs de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et des Eaux et Forêts, occupent la deuxième place, avec 35,62% du financement du BSI et 9,12% des dépenses budgétaires totales, pour la prise en charge de 75 projets.

Ces dépenses concernent tous les secteurs, notamment le développement rural, avec un accent sur la valorisation de certaines filières porteuses (Anacarde, sésame, karité et gomme arabique) et la mécanisation de l’agriculture (1 000 tracteurs et opération «motoculteurs»).

En termes d’infrastructures, le budget 2016 prévoit la réalisation des études pour le 4ème pont de Bamako, la réalisation du 2ème pont de Kayes et la poursuite du désenclavement intérieur et extérieur du pays, par la construction de routes, notamment l’aménagement en 2×2 voies de la route Ségou – San, la construction des voies d’accès à la Cité Universitaire de Kabala et la réhabilitation de la route Zantièbougou – Kolondieba – République de Côte d’Ivoire.

S’agissant de l’éducation, la Loi de finances prévoit la finalisation des travaux de réalisation d’universités à Bamako et Ségou et l’ouverture de missions universitaires à Sikasso, Tombouctou et Gao.

Par ailleurs, ces dépenses prennent en compte l’incidence financière de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, pour lequel il est inscrit une provision de 11 milliards de FCFA et une dotation pour l’opérationnalisation des Agences de Développement Régional (ADR).

A ces efforts s’ajoutent le renforcement du budget de l’Agence de Développement du Nord du Mali et la réhabilitation des équipements et infrastructures dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal.

Les dépenses prennent aussi en compte l’incidence de l’accord signé avec l’UNTM, ce qui se traduit par une augmentation de la masse salariale de l’ordre de 9% et, partant, des revenus des travailleurs. Avec toutes ces prévisions, certains analystes économiques reconnaissent que c’est un budget ambitieux, qui pose les balises de l’émergence du Mali.

Youssouf Diallo

Source: Le Journal 22Septembre 21/12/2015