Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Hubert Coulibaly, a indiqué, jeudi 5 avril 2018 à Rabat, que « le projet d’autonomie a été jugé sérieux et crédible par plusieurs résolutions de l’ONU », précisant qu’« il convient de poursuivre dans cette voie afin que ce différend soit réglé à l’amiable ». Cette déclaration du ministre malien des Affaires étrangères, lors de sa visite au Maroc, marque une évolution diplomatique importante, le Mali ayant été précédemment aligné derrière l’Algérie. Le Roi Mohammed VI a effectué deux visites à Bamako, en 2013 et 2014. Il se dit à Bamako qu’en 2013, IBK aurait promis au Roi de retirer la reconnaissance du Mali à la République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD), ce que le Président n’a pu faire. Mais cette déclaration du ministre des Affaires étrangères, Tieman Hubert Coulibaly lors de sa visite au Maroc, est certainement un pas important dans le rééquilibrage des relations entre le Mali et ses amis du Maghreb. Le Républicain a cherché à savoir quelle portée donner à la déclaration du Mali ? Est-ce un pas vers le retrait de la reconnaissance de la RASD ?
L’Ambassade d’Algérie n’a pas souhaité faire un commentaire sur la déclaration du ministre, mais indique que le plan marocain est « une proposition comme tout autre, qui concerne le Sahara occidental ». C’est la position des Nations-Unies, de l’Union africaine, en ce qui concerne la décolonisation, notamment de « 17 territoires non autonomes à décoloniser dont fait partie le Sahara occidental ».
Suite à cette déclaration, on note que la position du Mali sur la question a évolué de co-auteur des résolutions algériennes à celui qui a décidé de s’abstenir. En réalité, cette déclaration vient constater un état de fait : le Mali adopte une position constructive qui a permis au Mali sous Modibo Keita d’intervenir pour mettre fin à la guerre des sables de 1963 entre le Maroc et l’Algérie, et le ministre des Affaires étrangères, Tieman Hubert Coulibaly a évidemment fait cette déclaration après consultation de sa hiérarchie.
La déclaration du ministre comporte trois axes. Premièrement c’est l’observation d’une neutralité constructive ; deuxièmement le soutien aux efforts de l’ONU pour trouver une solution politique négociée et mutuellement acceptable par les parties ; et troisièmement le soutien à l’initiative marocaine d’autonomie, considérée par toutes les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007, comme étant sérieux et crédibles.
La question a été abordée lors de la visite au Maroc du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga les 8 et 9 mars dernier ; comme l’a fait savoir le Premier ministre en personne dans une déclaration à Rabat : « les entretiens ont porté sur la question nationale du Mali et la question nationale du Maroc ». C’est dire que le Premier ministre a balisé le terrain.
Il a fallu clarifier la position du Mali sur la question, après une période de cacophonie totale. Aujourd’hui, le Mali fait face lui-même au séparatisme au nord et il y a nécessité d’être cohérent. La déclaration du ministre est une manière d’enregistrer cette évolution positive. Le Mali ne peut mener une politique étrangère équilibrée au Maghreb que s’il procède à une révision totale de sa position sur cette question en axant sur les résolutions des Nations-Unies et en s’abstenant à toute position de partialité, et attendre l’aboutissement du processus onusien.
La visite du ministre des Affaires étrangères, qui a porté essentiellement sur la coopération économique entre les deux pays, intervient, sur les instructions du président de la République, dans le prolongement de la visite du Premier ministre.
Le Mali veut profiter des expériences réussies du Maroc dans le domaine économique, a indiqué le Ministre malien des Affaires Etrangères à l’issue de ses entretiens avec son homologue marocain.
Il a, dans ce sens, évoqué le « développement fulgurant » de l’agriculture au Maroc, ainsi que le plan d’accélération de l’industrialisation « absolument réussi » par le Royaume, ajoutant que le Mali ambitionne de « profiter de l’expérience du Maroc et de son accompagnement sur des projets bien précis ». Cette coopération économique devrait permettre « de créer des opportunités de prospérité dans nos deux pays », a poursuivi le ministre malien.
Il a fait part, par ailleurs, de la volonté des deux pays de donner un nouvel élan à leurs relations, notamment à travers l’harmonisation de leurs positions sur les grandes questions politiques et économiques.
Durant la visite du Premier ministre malien, six accords économiques ont été signés : Accord de coopération militaire et technique, Accord relatif aux transports internationaux routiers de voyageurs et de marchandises, Protocole de coopération dans le domaine de l’emploi, Accord de coopération technique dans le domaine des aménagements hydrauliques, Accord relatif à la reconnaissance des permis de conduire, Accord de coopération en matière de logistique.
- Daou