Cette visité, saluée par les producteurs, les chefs de services et, surtout, par les entreprises qui effectuent les travaux d’aménagement, a débuté par le grand chantier du casier hydraulique de Touraba. D’une superficie de 2174 ha, ce casier est situé dans la zone du Kouroumari. Il entre dans le cadre de la mise en œuvre de la politique agricole commune de l’UEMOA, adoptée dès 2001.
Il faut rappeler que, pour mettre en œuvre cette politique, l’UEMOA a tout d’abord sollicité auprès du gouvernement du Mali la mise à disposition de terres pour la valorisation de l’immense potentiel disponible au niveau de l’Office du Niger, qui est perçu au niveau régional comme une opportunité intéressante d’intégration économique.
L’UEMOA a ensuite signé une Convention de maitrise d’ouvrage déléguée avec l’AGETIPE Mali, pour la mise en œuvre du Projet d’aménagement du casier hydraulique de Touraba dans le but d’installer des promoteurs privés pour promouvoir l’agro-industrie.
Techniquement, c’est la Société d’Exploitation de Sable et de Gravier (SESG -Environnement) qui est attributaire du marché des travaux, regroupés en lot unique, suite à une consultation internationale consécutive à un appel à préqualification.
Sur le terrain, elle a, comme stipulé dans le cahier des charges, pour mission de réaliser 980 prises de canaux quaternaires (rigoles), un régulateur sur le distributeur équipé de vannes automatiques type AVIS HC 140/265, y compris vanne de garde, 27 régulateurs statiques, dont 5 sur canaux secondaires et 22 sur canaux tertiaires. S’y ajoutent 9 déversoirs de sécurité, dont 1 sur canal principal et 8 sur canaux secondaires. Sans oublier 12 ouvrages de franchissement, dont 7 sur canaux principaux, la construction de 8 débouchés de drain, dont 1 sur le drain principal et 7 sur les drains secondaires, ainsi que la construction de 89 débouchés de drains d’arroseur, 980 débouchés de canaux quaternaires (rigoles) et 15 lavoirs. A noter que le financement des travaux est assuré par l’UEMOA à hauteur de plus de 11 milliards de FCFA et qu’en plus des travaux d’aménagement de 2174 ha, une piste de 14 km sera construite.
Touraba: le social aussi
Au-delà de son apport en production agricole, le projet nécessitera, selon ses concepteurs, le déplacement de quatre villages. C’est fort de cela qu’il est envisagé la construction de 4 écoles de six classes, avec blocs latrines et équipement en mobiliers, la réalisation de 7 puits équipés de pompes à motricité humaine, la construction d’un centre de santé communautaire avec équipement en matériels médicaux; la construction d’un parc de vaccination de bétail; la construction d’habitations sur trois sites d’accueil viabilisés, pour le recasement des deux hameaux (totalisant environ 820 habitants) situés actuellement à l’intérieur du casier et pour recevoir de nouveaux exploitants.
Avant Touraba, le ministre Moussa Léo Sidibé et sa suite ont fait une escale au distributeur d’Alatona, qui s’étend sur environ 2 200 ha (casiers de Bacoro, Bassitomo et Somo). Ici aussi, la délégation a constaté la reprise effective des travaux.
Idem pour Siengo, avec ses 1 722 ha et ses infrastructures socio-sanitaires pour 386 ménages. Le tout pour un montant de 9,2 milliards de FCFA, financé par la KFW (coopération allemande). Un autre chantier, et non des moindres, visité par le ministre Moussa Léo Sidibé, a été celui de du drain collecteur KIE dans le Kala inférieur, sur une distance de 45 km, et celui du chenal de vidange, sur 16 km. Ce sont environ 9 360 personnes, soit 1 770 familles et 19 villages, qui en seront bénéficiaires. Le coût des travaux est estimé à 5,42 milliards de FCFA.
Déjà, certains habitants de la zone, comme Boukary Dicko, se réjouissent de la réalisation du projet: «c’est très important pour nous qui sommes ici depuis plusieurs années. Nous attendons avec grande joie la finition de travaux, car cela nous enlèvera une grosse épine du pied. Nous avons tout le temps loué des parcelles. Cela diminue nos gains. Si j’ai une parcelle à moi, ma famille en bénéficiera encore plus».
Le même enthousiasme se ressent dans les propos de Drissa Dramé, père de 9 enfants. Lui, qui vit dans la zone depuis plus de six ans, estime qu’à la fin des travaux, il pourra «intensifier son activité de riziculteur et produire plus». Il faut signaler que la délégation ministérielle s’est fait un point d’honneur à visiter le champ de M. Cissouma, pour y constater la production de la contre saison. Et les commentaires du ministre n’ont laissé personne indifférent. «Je félicite ce producteur pour la qualité de du travail abattu, ainsi que pour le rendement de son champ. Cela démontre, si besoin en était encore, que nous pouvons aussi compter sur la contre saison. J’encourage aussi tous les autres paysans qui ont opté pour cette pratique».
A la fin de la visite de ces différents chantiers, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Moussa Léo Sidibé, a expliqué «qu’il était venu se rendre compte de la reprise effective des travaux, sur les différents sites qui ont connu un coup d’arrêt après le 22 mars». Il a aussi mis un accent particulier sur «le travail remarquable des entreprises nationales». «Je félicite les entreprises qui ont décidé de rester sur place et de continuer à travailler, malgré le climat d’insécurité et la crise que traverse notre pays» a-t-il noté, avant d’exhorter l’encadrement de l’Office du Niger à «l’anticipation et à l’innovation».
Paul Mben
Le 22 Septembre 14/06/2012