L’éducation et l’instruction doivent être inscrites dans l’agenda des super-priorités d’une Nation qui veut aller de l’avant. Depuis plus de deux décennies, l’école malienne est entre colmatage, «tronquage », « blanchage » et amateurisme. La plus part du temps les années scolaires sont tronquées si elles ne sont pas déclarées blanches. De l’avènement de la Démocratie en 1991 jusqu’à nos jours, trois régimes se sont succédé, mais aucun n’aura réussi à apporter la thérapie appropriée pour guérir la grande malade qu’est devenue l’Ecole. Si tous les acteurs ont leur part de responsabilité dans la déliquescence de l’école, force est de constater que c’est aux politiques qu’incombe la plus grande responsabilité. Qui pour sortir l’Ecole malienne de l’anarchie et du pilotage à vue ? L’année scolaire 2016- 2017 risque d’être fortement perturbée par les milliers de revendications syndicales des enseignants ? Quid de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali ?
C’est le lundi 03 Octobre 2016 que les élèves reprendront le chemin de l’école après plus de trois mois de vacances. Si une rentrée des classes a toujours été des moments d’intenses retrouvailles pour les élèves, nouveaux comme anciens, celle de cette année risque d’être faite sous tension entre syndicats des enseignants et le ministre de l’Éducation. Les premiers accusent le second de n’avoir pas pris en compte leurs sempiternelles revendications et qui ont fait l’objet de beaucoup de négociations sans issues. L’autre reproche fait par les enseignants du secondaire général, technique et professionnel, aura été leur exclusion de toutes activités pédagogiques pour avoir détenu les notes des élèves comme arme de revendication. Joint au téléphone, l’un des membres du Syndicat des professeurs d’enseignement secondaire, SYPESCO, nous a expliqué les grandes lignes de leur « plan de guerre » contre le gouvernement. Notre interlocuteur a fait savoir que les enseignants n’attendent que la rentrée soit effective pour déclencher les premiers mouvements. Aux dires du responsable syndical, les enseignants seraient très déterminés et n’entendent pas céder d’un IOTA sur leurs revendications, surtout après l’humiliation que le ministre Barthélemy Togo leur aurait fait subir lors des examens du CAP, du BT et du BAC. Pour rappel, les examens au niveau secondaire n’ont ni été surveillés par les enseignants des établissements publics encore moins corrigés par leurs soins. Ils ont tout simplement été exclus de la liste des surveillants et des correcteurs sur ordre du ministre pour avoir retenu les notes des différentes compositions des élèves. Les droits revendiqués par les enseignants sont entre autres les rappels dus à l’avancement, à la titularisation et à la principalisation. Selon toujours notre interlocuteur, les assurances données par le Ministre de l’Education n’ont pas été suivies d’actes concrets d’apaisement.
En définitive, il est attendu du gouvernement qu’il anticipe sur les crises en satisfaisant du mieux qu’il peut et en fonction des ressources disponibles, les revendications des enseignants qui peuvent l’être immédiatement tout en étalant pour d’autres échéances le reste. Ainsi, on évitera à coups sûrs les agitations intempestives de l’espace scolaire qui a besoin d’apaisement dans le contexte actuel d’un pays en crise où toute étincelle peut allumer un feu. Qu’à Dieu ne plaise. Puisse la Clémence veillée sur l’année scolaire qui commence.
Youssouf Sissoko
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