Nous avons atteint un seuil dangereux (…) après avoir commencé à puiser dans les réserves financières du royaume pour combler le déficit budgétaire, a lancé le prince Al-Walid à l’adresse du ministre des Finances dans une lettre ouverte dont l’AFP a obtenu une copie.
La semaine dernière, le premier exportateur mondial de brut a annoncé un budget en hausse pour 2015 mais qui prévoit un déficit record de 38,6 milliards de dollars.
Les dépenses seraient de 229,3 milliards USD, légèrement en hausse par rapport aux prévisions de 2014, et les revenus de 190,7 milliards, en forte baisse par rapport aux 228 milliards de dollars prévus en 2014.
L’Arabie Saoudite, chef de file dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a également annoncé un déficit budgétaire réel de 14,4 milliards de dollars en 2014 avec des revenus et des dépenses en dépassement des prévisions initiales.
Le prince Al-Walid, membre de la famille régnante saoudienne et le plus riche investisseur privé arabe, a déclaré que Ryad n’aurait pas dû laisser ses dépenses dépasser les prévisions surtout que les prix du brut sont en baisse.
Les recettes pétrolières contribuent à hauteur de 90% des revenus du royaume, qui pompe environ 9,6 millions de barils par jour (mbj).
Si le gouvernement avait contenu ses dépenses de l’an dernier dans la limite de ses prévisions, un excédent d’au moins 50 milliards de dollars aurait été réalisé, a indiqué le prince.
En raison de l’échec à maîtriser une augmentation des dépenses, 53 milliards de dollars au total auront été puisés en deux ans dans les réserves financières du pays, estimées à 750 milliards de dollars, a-t-il encore expliqué.
Le prince a également critiqué la façon dont les réserves saoudiennes sont investies, particulièrement sous forme d’obligations américaines et européennes avec un faible rendement d’environ 2,4% par an.
Alors que ces réserves sont actuellement gérées par la Saudi Arabian Monetary, la Banque centrale du royaume, le prince Al-Walid a prôné la création d’un fonds souverain indépendant pour investir ces réserves et augmenter leur rendement à quelque 7-8%.
Si les cours pétroliers continuent à évoluer sous 50 dollars/baril, l’Arabie saoudite devrait perdre la moitié de ses recettes pétrolières qui ont atteint 276 milliards de dollars en 2013, et quelque 248 milliards de dollars en 2014.
(©AFP / 03 janvier 2015 13h43)