Le Mali est aujourd’hui au bord de la dislocation, le nord échappe depuis 2014 au contrôle de l’Etat central, le centre est devenu le nid des groupuscules armés terroristes qui se font en permanence la guerre, le sud est devenu, depuis un certain temps, l’épicentre de la contestation et de la protestation contre les autorités politiques. C’est dans cette atmosphère délétère et de quasi insurrection qu’un Mouvement est né pour porter la voix du peuple et demander aux autorités de changer de fusil d’épaule. Le M5 RFP, puis que c’est de lui qu’il s’agit, est un mouvement né du constat de ses fondateurs que le pays est mal gouverné et qu’il était du devoir de tout citoyen d’apporter sa modeste contribution quand la nation est menacée.
Les leaders du M5 RFP, bien qu’étant d’obédiences politiques différentes, sont mus par la seule volonté de sauver le bateau Mali d’un naufrage collectif. Après deux grandes mobilisations mémorables les 5 et 19 juin 2020, ils ont décidé d’élaborer un mémorandum en 9 points adressés au Président de la République, garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale, pour qu’il donne satisfaction dans un délai relativement court. Les leaders du M5 RFP demandent : La dissolution immédiate de l’Assemblée nationale, La mise en place d’un organe législatif de transition, Le renouvellement intégral des membres de la Cour constitutionnelle, La mise en place d’un gouvernement de Transition, L’adoption d’une Feuille de route de refondation de l’Etat et de sauvegarde de la démocratie, de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale, assortie d’un chronogramme précis, à l’issue de concertations nationales ouvertes à toutes les forces vives de la Nation. Le respect des textes relatifs au droit et à la liberté syndicale, à la justice sociale et aux engagements entre les parties. L’adoption d’un pacte pour la stabilité sociale, la sécurité, la croissance et le développement. L’adoption d’un mécanisme de suivi-évaluation annuel et enfin Le détachement des services exécutifs de l’Etat de la présidence de la République. Ces points de revendication loin d’être de la mer à boire pourraient être satisfaits à 90 %.
Le Président de la République aura intérêt à partager le pouvoir avec ceux qui sont aujourd’hui considérés comme des portevoix du peuple. Si tant est qu’IBK est conscient du danger qui guette notre pays, s’il mesure la gravité de la crise qui secoue le Mali et enfin pour éviter une situation dramatique, il doit accepter de dialoguer et surtout de satisfaire aux revendications des manifestants. Le Président de la République ne doit nullement écouter le son de cloche de ses partisans qui ont été incapables de remplir le Palais des sports et incapables également d’organiser une contre marche. Donc à partir de cet instant IBK doit comprendre que ceux qui se réclament de lui ne pèsent pas lourds. Sans tergiversations ni orgueil le Président de la République doit donner une suite favorable, aux nouveaux détenteurs de la légitimité populaire.
En somme, rien qu’en se référant à la situation d’ensemble du pays avec une région de Kidal qui a un statut quasi autonome, un centre qui échappe à plus des 2/3 au contrôle de l’Etat centrale et où des groupuscules armés communautaro-terroristes s’entretuent. Et enfin le sud est en proie à une insécurité grandissante, une corruption à ciel ouvert et une misère ambiante. Alors on en déduirait que le Président de la République doit faire une introspection et conclure qu’il ne pourrait plus changer la direction du vent donc à défaut d’abdiquer qu’il accepte de partager le pouvoir avec le M5 RFP.
Youssouf Sissoko