Le Maroc réintègre l’Union africaine
Les chefs d’Etat de presque tous les pays africains membres de l’Union africaine, au nombre de 54, qui se sont retrouvés à Addis Abeba pour son 28ème sommet, ont décidé lundi soir la réintégration du Maroc au sein de l’Union après 32 ans d’absence
Rabat a mis fin à 32 ans de politique de la chaise vide au sein de la grande organisation panafricaine. Les décrets Trump font aussi réagir.
Le Maroc a été admis lundi soir à réintégrer l’Union africaine après 32 ans d’absence. Un retour sans surprise, même si son rival régional, l’Algérie, a contribué à entretenir le suspense à l’ouverture du des débats du 28e sommet de l’Union africaine (UA), qui a débuté lundi à Addis-Abeba, en Ethiopie.
34 ans d’absence
La politique de la chaise vide n’était pas payante.
Rabat avait quitté l’organisation en 1984 pour protester contre l’admission, deux ans auparavant, de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), qui revendique la souveraineté sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975. Le roi du Maroc, Mohammed VI, avait toutefois conclu que cet isolement ne servait pas les intérêts de son pays, amené à se tourner économiquement vers l’Afrique pour trouver des relais de croissance, même si l’Espagne et la France demeurent ses principaux clients. Brahim Fassi Fihri, du think-tank marocain Amadeus , le reconnaissait récemment dans la presse marocaine : « La politique de la chaise vide n’était pas payante ». Mohammed VI a donc multiplié les contacts depuis l’annonce d’une demande de réintégration en juillet.
L’Algérie très réticente
Rabat se targuait dimanche du soutien « inconditionnel » de 44 pays, mais une douzaine, dont des poids-lourds politiques du continent, comme le Nigeria, l’Afrique du sud, l’Angola, le Kenya et, surtout l’Algérie se montraient réticents. L’Algérie, rivale régionale du Maroc, soutient la RASD et sa frontière avec le Maroc est fermée depuis 1994 pour des raisons liées, entre autre, au différent sur le Sahara occidental.
La décision finale revenait aux chefs d’Etat
Afin de bloquer le retour du Maroc, ou obtenir des concessions en échange, l’Algérie et les autres pays sceptiques avaient demandé en novembre dernier un avis formel de la commission juridique de l’UA pour savoir si l’organisation pouvait accepter un pays qui « occupe une partie du territoire d’un Etat membre », en l’occurrence le Sahara occidental. La commission juridique avait répondu que les objections de ces Etats soulevaient des « questions fondamentales », mais que la décision finale revenait aux chefs d’Etat. Ces derniers ont donc tranché hier, par consensus, évitant une humiliation au souverain chérifien Mohammed VI, arrivé à Addis-Abeba vendredi.
Unanimité contre les décrets de Trump
Si le consensus n’a pas été simple à obtenir, en revanche les décrets de Donald Trump interdisant l’accès des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans, dont trois africains (Libye, Soudan, Somalie), ont suscité une réaction unanimement hostile. « Nous entrons dans une époque très tumultueuse. Le pays même vers lequel tant de nos ressortissants ont été conduits comme esclaves durant la traite transatlantique a décidé d’interdire les réfugiés venant de certains de nos pays. Que faire face à cela? C’est l’un des plus grands défis lancés à notre unité et notre solidarité », a ainsi déclaré Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente sortante de la Commission de l’UA. Le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que les pays africains étaient parmi « les plus généreux » envers les réfugiés, contrastant avec le pays le plus riche du monde qui « ferme ses frontières ».
Parallèlement, les membres de l’UA se sont mis d’accord sur le nom du successeur de Nkosazana Dlamini Zuma, le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki Mahamat. Ils doivent aussi désigner le commissaire à la paix et la sécurité, poste tenu actuellement par l’algérien Ismael Chergui.
Yves Bourdillon
Les Echos.fr
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Le Tchadien Moussa Faki Mahamat élu président de la Commission de l’UA
Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, a été élu ce lundi à la tête de la Commission de l’UA, où il remplace la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. Le suspense a été de courte durée : le Tchadien Moussa Faki Mahamat a été élu président de la Commission de l’Union africaine (UA) avec 39 voix sur 54 ce lundi 30 janvier.
Au terme des trois premiers tours de scrutin, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi, et l’Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy ont été éliminés. Les deux finalistes, le ministre des Affaires étrangères tchadien et son homologue kényane Amina Mohammed ont été départagés à l’issue de trois autres tours. Moussa Faki a ensuite été élu à l’issue d’un septième et dernier tour.
Il succède à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.
« Mon expérience a convaincu »
« Je mesure la tâche qui est dorénavant la mienne en tant que président de la Commission de l’Union africaine, a réagi Moussa Faki Mahamat à l’issue du vote. Je ne sais pas comment le vote s’est déroulé car je n’étais pas dans la salle, mais j’imagine que mon expérience, ma vision ont convaincu. Je mesure le poids de la charge. »
Au poste de vice-président de la Commission, c’est le Ghanéen Thomas Kwesi Quartey qui l’a emporté.
Jeune Afrique
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