Comme un seul homme, les partis regroupés autour du Front pour la démocratie et la république (FDR), la coalition qui s’était ouvertement opposée au coup d’Etat du 22 mars 2012, se sont élevés contre le maintien au gouvernement d’un proche du capitaine putschiste récemment bombardé général.
Dans un communiqué datant du 10 septembre dernier, l’opposition a dénoncé la reconduction dans le nouvel exécutif du général Moussa Sinko Coulibaly, celui-là même qui a organisé la dernière présidentielle.
La ligne de démarcation étant désormais tracée entre mouvance présidentielle et opposition, on peut dire que l’arène politique commence à s’emballer et que la récente sortie du FDR est un prélude à ce qu’annonçait le candidat de l’URD, qui, tout en concédant la victoire à son adversaire, s’était fermement engagé à animer une opposition forte.
«Nous devons constituer une force alternative et une force de proposition», affirmait-il alors, faisant une croix sur l’éventualité d’une participation de son parti et de ses alliés au futur gouvernement de réconciliation.
Joignant l’acte à la parole, Soumaïla Cissé et les siens tentent de redonner vie à une opposition qui s’était coulée, armes et bagages, dans le moule avilissant du « consensus mou à la malienne » sous l’ère ATT. Une sorte de domestication de l’ensemble de la classe politique qui a fini par dévitaliser la démocratie et contribuer à faire le lit de la crise dont le pays sort à peine.
Quoi de plus naturel alors que l’opposition émerge de sa longue torpeur pour jouer le rôle qui lui est dévolu, quand on sait qu’en bonne démocratie la majorité gouverne tandis que l’opposition, elle, s’oppose et propose.
On ne peut donc que comprendre la prise de position des membres du FDR. Une posture qui, si elle peut sembler tout à fait légitime de la part du principal rival du président élu, comporte tout de même quelques risques.
Comment, en effet, constituer cette véritable «force alternative» si chère à Soumaïla Cissé, tout en évitant soigneusement de réveiller des blessures restées encore bien vives ?
Sans oublier qu’une opposition trop radicale pourrait brider le nouveau chef de l’Etat dans ses prises de décisions, l’obligeant en maintes circonstances à ménager la chèvre et le chou alors que le vaste chantier de la réconciliation malienne supposera parfois une main de fer dans un gant de velours.
Le nouvel opposant malien devra donc faire preuve d’une réelle prouesse d’équilibriste pour véritablement jouer le rôle qu’il a assigné à sa coalition, celui d’une force de proposition résolument engagée dans la consolidation de la démocratie malienne et la bonne gestion de la chose publique.
Entre la nécessité d’une opposition républicaine et la tentation d’une opposition radicale, il revient à Soumaïla Cissé de savoir à quel niveau poser le curseur.
Par H. Marie Ouédrago
Indicateur du Renouveau