L’espoir, que la prise illégale du pouvoir par la junte du colonel Assimi Goita avait suscité, est allé à vau-l’eau, à cause d’une gestion tout aussi chaotique que celle qui l’a précédée.
Tous les ressorts du Mali sont presque cassés et le pays est sur le point de s’effondrer.
En sept mois de gestion, tous les secteurs ont connu une descente aux enfers soit à cause de l’insécurité grandissante, de la corruption à ciel ouvert, du népotisme jamais égalé dans notre pays de l’indépendance à nos jours, soit d’un avilissement de la classe politique jusqu’à la rendre clocharde, ou encore par une destruction de l’économie, à travers une attribution des marchés dans des conditions opaques.
Le tout sur fond de militarisation à outrance de l’administration et des postes financiers. La liste, loin d’être exhaustive, dépeint le tableau à la fois sombre et chaotique de la gestion de la transition par la junte et ses collabos civiles qui ne sont que des faire-valoir.
Face à cette incurie et à la gestion clanique et familiale du pouvoir pourrait-on faire des réformes idoines permettant au Mali de sortir du cercle infernal des coups d’Etat à répétition ?
Les élections en l’état sont-elles la solution pour une sortie durable de la crise ?
Si au terme des 18 mois, délai imparti pour la fin de la transition, il n’y a pas d’élections, que restera-t-il au peuple souverain ?
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la junte militaire d’Assimi Goita, qui a pris le pouvoir le 18 Août 2020, est la seule responsable de la faillite, voire de l’effondrement du Mali.
En effet, le Président de la transition Bah N’Daw et le Premier Ministre Moctar Ouane qui sont censés jouer les premiers rôles de par leurs postes, ne sont en réalité que des faire-valoir, réduits aux honneurs et aux privilèges liés à leurs postes.
Les vrais maîtres des lieux sont Assimi Goita et ses compagnons d’infortunes, qui font et défont la République à leur guise.
D’ailleurs, qu’il soit dit en passant, Bah N’Daw et Moctar Ouane doivent leurs postes aux putschistes, en plus de ceux-ci tous les autres, ministres, membres du Conseil National de la Transition, CNT, les gouverneurs et autres directeurs de services sont leurs choix.
Donc, il ne serait nullement exagéré d’affirmer que la junte militaire a pris en otage le Mali.
Le hic est que dans leur aventure périlleuse, ils sont en train d’emporter le Mali avec eux par leur gouvernance chaotique. Nombreux sont les maliens à être déçus, au point de regretter l’ancien régime, celui d’IBK.
En effet, si avant l’avènement de la junte militaire au pouvoir l’insécurité était grandissante au nord, au centre et une petite partie du sud, aujourd’hui elle s’est généralisée, au point qu’on arrive à assassiner le président en exercice de la CMA au cœur de Bamako.
Les Djihadistes gagnent chaque jour du terrain, à telle enseigne que le gouvernement malien ne contrôle que 20 % du territoire.
S’agissant de la crise sociopolitique, cette apparente accalmie est un prélude à un vaste rassemblement que d’ailleurs le M5 RFP avait annoncé lors d’un point de presse.
Choguel Maiga et ses camarades retourneront dans la rue, juste après le Ramadan, et ils seraient sans nul doute rejoints par de nombreux mécontents et des blasés de la République.
Aujourd’hui, nombreux sont les citoyens maliens qui ne mangent pas les trois repas quotidiens, faute de moyens.
Sur le plan économique, les entreprises ferment leurs portes, les unes après les autres, faute d’investissements et de la corruption dans l’attribution des marchés.
Le Mali n’est plus une bonne destination pour les investisseurs, car en plus d’une justice aux ordres ne garantissant pas toutes les conditions de légalité, il y a une insécurité qui ne favorise pas non plus l’investissement.
Le cas typique du Conseil National du Patronat du Mali est symptomatique du malaise général au sein du secteur privé, pourtant poumon de l’économie du Mali.
Approché par nos soins, le Président du CNPM, Mamadou Sinsi Coulibaly a laissé entendre que l’économie malienne est à genoux à cause de la crise qui sévit au sein du patronat et en appelle au sens de la responsabilité de la justice et de l’Etat.
Pour M. Coulibaly, le CNPM qui est censé être la vitrine du secteur privé est illégalement géré par quelqu’un qui n’a ni la légitimité encore moins la légalité.
Amadou Diadié Sankaré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne se maintient au poste de président du CNPM que par la complaisance d’une justice qui lui a offert une ordonnance gracieuse.
Ce fleuron du secteur privé est désormais à l’agonie.
Et pourtant, le patronat malien était cité en exemple dans toute la sous-région, voire même en Afrique et du monde, par son dynamisme et le charisme de son Président M. Coulibaly qui a su donner une image positive au secteur privé.
En définitive, face à la grande impunité, à une justice aux ordres et à une gestion clanico-familiale, la seule issue qui reste pour le peuple est la grande mobilisation pour sauver le pays de l’effondrement.
Les partis politiques, les associations de la société civile, les syndicats, le secteur privé, tout le monde doit se mobiliser pour imposer le changement pour lequel le M5-RFP a battu le pavé pour demander le départ d’IBK.
Quand un pays est menacé de disparition, tous ses dignes fils doivent se considérer comme soldats pour le défendre. Donc, l’heure de la mobilisation semble sonnée.
Youssouf Sissoko