Dans un élan compassionnel national (cum patior: souffrir avec en latin) , nous avons partagé la douleur de la perte de nos vaillants soldats et de l’affliction de leurs familles. Autant dans la liturgie, les chrétiens fêtent, en mémoire des douleurs de la Vièrge, autant nous célébrerons désormais notre semaine de la passion de notre Armée Nationale concomitamment avec le 20 janvier. Pendant que nous sommes écartelés entre victoires sporadiques et “replis strategiques” sur le terrain des opérations, par un hasard de l’évolution de la situation, les islamistes d’Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali prennent le relais, avec la volonté d’instaurer la Charia dans une République islamique achevant de tourner en bourrique l’autorité centrale qui n’a d’autorité que de nom.
Ce qui rend difficile la tâche de l’armée malienne: elle doit lancer le relais sur deux fronts, car la rebellion toureg est latente et sournoise. Après que notre armée nationale ait subi des camouflets et de cruelles mortifications à la lisière de l’humiliation et de la honte, que la moitié de notre territoire soit devenue une zone de non-droit, les tenants du pouvoir soutiennent mordicus, jusqu’à leur dernier syllogisme, que la situation sécuritaire au nord du pays ne saurait être une préoccupation entravant la bonne tenue des élections. Nous ne saurons être dupes car habitués au modus operandi de ce régime basé sur des calculs froids.
Certaines voix autorisées s’élèvent pour nous proposer une période transitoire prélude à des élections transparentes et crédibles. Le peuple croit que les politiques, parlant au nom de la “ démocratie malienne” veulent tirer les marrons du feu avec la patte de chat dans cette situation eschatologique(le qualificatif n’est pas trop fort), car nul ne saurait prédire avec exactitude ce que nous réserve l’avenir. Le manque de munition, l’impréparation de nos militaires, leurs replis stratégiques, la volonté du groupe Gandagoi à s’autodéfendre, le désarroi des populations ,le manque d’initiatives et d’envergure du Président TOURE ont achevé d’en rajouter au sentiment d’indignation et de déni de la population vis à vis du pouvoir à Bamako.
A quelques trente cinq (35) jours de “ ses élections”, il serait sage, honnête et patriotique de la part d’ATT de reconnaître son fiasco cuisant et en appeler à la commisération des forces de maintien de la paix de l’Union Africaine, des organisations sous régionales ou les membres permanents du Conseil de Sécurite de l’ONU pour engager des opérations de grandes envergures pour le retour et le maintien de la paix.
Je subodore déjà la gesticulation véhémente de certaines personnes mais qu’on se le tienne pour dit, ATT a rencontré son Waterloo avec sa gestion calamiteuse de la rebellion touareg, nous avons bu le calice de la honte jusqu’à la lie. Sa vieille rhétorique d’une légèreté insoutenable (immensité de la bande sahélo-saharienne, collusion entre Aqmi, MNLA, Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali,…)est tombée en désuétude. Si tant est son désir de tenir des élections à la date échue, nous avons besoin de force d’interposition comme il y en a eu en Côte d’Ivoire, au Libéria, en R D Congo, au Sud Soudan, en Somalie, au Darfur, au Liban(FINUL) …….Puis après le nouveau Président démocratiquement élu viendra s’occuper à sa convenance de cette patate chaude qu’ATT aura un bonheur indicible à lui refiler.
Election présidentielle ou une transition politique?
Dans la période trouble qui est celle du Mali pré-électoral, il est d’une évidence indéniable que nous sommes face à la quadrature de cercle. Comme les troubadours du slogan : ” ATT, anbe sa inofè”(nous mourons avec toi, ATT) viendront encore à la charge, qu’ils nous donnent les preuves de leur excellence en géométrie en nous extirpant de ce labyrinthe abyssal en nous tendant leur fil d’Ariane salutaire. Nous ne sommes pas au bord du gouffre mais dans le gouffre. Comment peut-on honnêtement parler d’élection présidentielle et de consultation référendaire pendant que le septentrion malien est à feu et à sang, à l’insécurité et à la désolation? Peut on convier la population à des consultations pendant que les chiffres du HCR quant au nombre des réfugiés dans les pays limitrophes donnent le vertige? S’il s’en trouve des gens pour répondre par l’affirmative à ces questions, il serait regrettable de concevoir la politique malienne comme l’expression la plus achevée de la dernière bassesse conjuguée avec le mépris et l’animalité.
A ce que je sache, la politique est noble dans sa dignité. Serais-je un politique, il m’aurait été difficile de dormir en acceptant l’obstination du pouvoir d’aller pour ces rendez vous électoraux controversés. La politique n’est pas de l’angélisme dira-t-on mais abandonner momentanément la course pour Koulouba par dégoût et par conformité à certains principes moraux serait l’expression la plus noble de la magnanimité et de l’élégance qui caractériserait nos candidats IBK, Zoumana, Modibo, Soumaila, Mariko, Cheick Diarra, Diancounda, j’en oublie.
S’ils aiment le Mali comme ils le clament à tout venant, qu’ils jettent le manche après la cognée. Vivement un moratoire pour le referendum et les élections présidentielles. Comparaison n’est pas raison, mais en me confortant dans mes convictions, serait –il superflu de rappeler que la plupart des candidats à l’élection présidentielle française ont suspendu leur campagne pour rendre respect aux victimes de la tuerie de Toulouse? J’en appelle à la reflexion des politiques et de l’électorat. Arrêtons d’être fourbes et sauvons notre pays, cette barque naufragère.
La transition, qui est un changement provisoire visant un nouveau stade, aurait été une solution salutaire si et seulement si les questions posées se satisfaisaient aisément: quel rapport psychologique le malien a de la transition? qui dirigera la transition? Quelle équipe transitoire? Sa durée? quel but en assigner? Nous voilà encore devant la croix et la bannière. C’est vraiment “ caillou” comme le dirait mon cousin ivoirien!
L’expérience de la première transition démocratique qui a vu le Mali passer d’une dictature militaire à une démocratie réelle n’a pas laissé de merveilleux souvenirs. Les héritiers de cette démocratie sont tous là comme acteurs politiques majeurs, comptables de la dérive de notre pays.
Le but véritable de la transition dont on parle serait de passer d’une plutocratie doublée d’une kleptocratie à une transparence politico-administrative. Serait-il sensé de prendre les mêmes éléments et re-belotter? Le noeud gordien du problème réside à ce niveau. Bien malin qui pourra dénouer ce noeud! L’effectivité d’une transition se console du renvoi pur et simple ou de la mise en jachère politique de tous ceux qui ont participé à la vie politique des vingt dernières années. A la fin de la période transitoire, quitte à repêcher les plus méritants et les plus probes. Un tel raisonnement ne manquera pas de provoquer l’ire des dieux du Panthéon politique malien.
De la résolution de ce dilemme dépendra la paix, la quiétude et la santé de la démocratie malienne. Si le célèbre problème de l’autel d’Apollon à Delphes relatif à la duplication de l’aire du carré et du volume du cube a été plus ou moins résolu par la géométrie grecque, la légendaire sagesse malienne grandirait si elle parvenait à débrouiller cet embarrassant écheveau, cette quadrature du cercle que le Président Touré nous a imposé par sa complaisance, sa condescendence, son approximation et son manque de vista.
Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey
Usa
Fouattara2@comcast.net
http://www.ouattaradonzo.com 22/03/2012