LE MALI PERD SON DROIT DE VOTE POUR NON PAIEMENT DE COTISATION Le Parena dénonce un « coup de massue pour l’honneur et la dignité nationale »

Tiébilé Dramé, Président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA)

Les Nations unies ont suspendu le Mali de son droit de vote au sein de l’organisation. Pour retrouver son droit de vote, le pays doit honorer, au plus vite, 68 millions de F CFA qui correspondent à des arriérés impayés. Parmi les neuf autres pays concernés par cette mesure dans le monde on en dénombre deux autres en Afrique : la Libye et le Burundi.

Très concrètement, le Mali ne peut plus voter lors des Assemblées générales des Nations unies même sur des sujets le concernant. Le gouvernement malien n’a pas payé ses cotisations d’Etat membre depuis au moins deux ans, ce qui représente un montant d’au moins 200 millions de F CFA.

Une imprudence qui fait évidemment bondir l’opposition, tandis que les autorités cherchent à calmer le jeu. « Cela peut arriver à tous les pays », justifie un porte-parole de la présidence malienne qui assure que « les dispositions administratives ont déjà été prises » et que « la mise à jour est en cours. Ça doit être payé, et ça va l’être ».

Cette suspension des droits de vote lors des Assemblées générales de l’ONU à New York est l’unique sanction prévue. En fait le retard dans le paiement des cotisations n’aura aucun impact sur la présence onusienne au Mali. Au total, neuf pays dans le monde ont vu cette année leurs droits de vote suspendus pour non-paiement de leur contribution, dont trois en Afrique : le Mali, la Libye et le Burundi.

Du côté de l’opposition, c’est le Parena qui réagit en dénonçant un « coup de massue pour l’honneur et la dignité nationale ». Le parti d’opposition estime qu' »un pays qui bénéficie autant de la solidarité internationale ne saurait se mettre dans une si mauvaise posture ».
Joint au téléphone par Studio Tamani, le secrétaire général du parti du Bélier blanc,

Djiguiba Kéita, a déclaré que « c’est de l’humiliation pour notre pays, que de n’avoir pas pu payer seulement 68 millions. Quand on sait que la solidarité dont notre pays a bénéficié de la part de la communauté internationale, nous ne sommes vraiment pas à 68 millions près quoi » !

Et de poursuivre : « Quand on sait que le président est tout le temps en voyage, qu’on comprenne que les 68 millions, c’est comme si il prend l’avion de Bamako pour aller à Paris, pas aller-retour, mais aller simple et quand on sait qu’il a fait 36 fois cela, on doit comprendre quand même que l’on n’est pas à 68 millions près ».

« Le fameux avion qui fait Paris-Bamako 36 fois-là dont on ne connaît toujours pas le prix d’achat, est ce que c’est 17 milliards, est ce que c’est 20 milliards, est-ce que c’est 21 milliards ou est-ce que c’est 7 milliards, jusqu’à présent on ne le sait pas. Ça n’arrive à aucun pays qui se respecte. Que le gouvernement arrête l’humiliation du pays en payant vite ces 68 millions là pour qu’on ait notre droit de vote à l’ONU ».

Avec Tamani
COMMUNIQUÉ DU PARENA SUR LE TROISIÈME GOUVERNEMENT MODIBO KEITA
Troisième chef de gouvernement du Président Ibrahim Boubacar Keïta en 16 mois d’exercice du pouvoir, le Premier ministre Modibo Keita, nommé le 9 janvier 2015, a formé le 15 janvier dernier son 3ème gouvernement en 12 mois!

Avec trois premiers ministres et six gouvernements en 28 mois, le Mali sous IBK bat tous les records de l’instabilité gouvernementale.

Les tâtonnements et les improvisations sont parmi les caractéristiques principales de la gouvernance instaurée par le Président depuis son accession au pouvoir le 4 septembre 2013.

Ainsi un ministère créé en septembre dernier (Coopération internationale et Intégration africaine) a disparu, quatre mois après, lors du remaniement du 15 janvier qui voit la création surprenante d’un ministère de la Recherche scientifique. Dans un pays comme le Mali, que vaut un ministère de la Recherche scientifique détaché de l’Enseignement supérieur? Le 13 janvier, le conseil des ministres avait créé une direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Trois jours plus tard, un ministère de la Recherche est créé. Pourquoi tant d’incohérences?

Le remaniement du 15 janvier ne résout en rien les graves questions auxquelles le pays est confronté et qui ont pour noms: insécurité grandissante, enlisement du processus de paix, mauvaise gouvernance, crise du foncier, chômage des jeunes, démobilisation, désespoir et lassitude du peuple.

Les Maliens se posent des questions et s’aperçoivent peu à peu que le remaniement ministériel du 15 janvier n’est qu’un règlement de comptes sur fond d’histoires d’argent de la corruption et de pots de vins arrosant des pans entiers des cercles du pouvoir.
Pendant que le peuple attend les suites des enquêtes sur les scandales de l’engrais frelaté, des 1000 tracteurs du Président, bien d’autres histoires d’argent sale inondent à nouveau la scène publique.

Enfin, ce remaniement conforte la mainmise de la famille du Président sur l’appareil d’État.

Depuis deux ans, le PARENA dénonce régulièrement l’accaparement de l’État par la famille du Président. Depuis deux ans, nous appelons à desserrer l’étau de la famille sur l’État.
Le 19 janvier, lors du premier conseil des ministres du 3ème gouvernement Modibo Keita, le président de la République a encouragé ses ministres à résister à sa famille comme s’il était, lui même, impuissant à tenir les siens à l’écart de l’État et à contenir leurs assauts et leurs trafics d’influence.

Le président IBK a instauré une gouvernance patrimoniale, chaotique, sans ambition pour le Mali et sans compassion pour son peuple. Cette gouvernance a plongé le pays dans une grave impasse et dans une crise politique qui s’aggrave chaque jour.

La solution de cette crise ne réside pas dans les replâtrages sans fin de gouvernements, dans les promotions et récompenses de membres de la famille et d’alliés politiques.
Elle réside dans un changement radical de cap et la rupture avec la mauvaise gouvernance. Sans bonne gouvernance, il n’y a pas d’État viable.

Sans bonne gouvernance, il n’y a pas d’État capable de combattre le terrorisme. Sans bonne gouvernance, il n’est pas possible de reconstruire l’armée et les services de sécurité. Sans bonne gouvernance, il n’est pas possible d’appliquer l’Accord d’Alger et faire face aux nombreux dangers qui menacent notre pays.

Le PARENA invite le président de la République et le Gouvernement à avoir pitié du peuple malien en mettant fin à la République des affaires, aux scandales et aux atteintes quotidiennes à la morale publique.

Adopté par le Comité Directeur du PARENA lors de sa réunion hebdomadaire du lundi 25 janvier 2016