A mon avis il serait plus judicieux de laisser ce travail aux historiens mais comme disait Freund : « l’histoire est l’un des produits le plus dangereux de l’alchimie de l’intellect humain » car très souvent ce sont les vainqueurs qui l’écrivent. C’est pourquoi je me suis permis de jeter un coup d’œil sur le bilan d’ATT avant l’heure en lui donnant une note de : 10/20 avec une mention passable ,et l’observation : pouvait mieux faire.
Avec son slogan « retrouvons ce qui nous unis », ATT, ce témoin et acteur majeur des transformations politiques, économiques, sociales et morales de notre société a bénéficié de la générosité vitale et spontanée de notre peuple en 2002. Cet homme des symboles avec une prétention pharaonique s’est fait passé avec notre commune indulgence comme le meilleur rempart possible contre toutes les turpitudes. L’imposture n’a jamais de limites ….
De même qu’on remplace le slogan qu’on avait utilisé en 2002 pour dire que le règne d’ATT a été une parenthèse pour le Mali car les espoirs et espérances placés en « l’Homme de réserve de la République, du 26 mars 1991, au messie » pour réaliser nos rêves de grand Mali ont été déçus.
A part son slogan « retrouvons ce qui nous unis », son PDES (programme de développement économique et social) et quelques infrastructures et logements sociaux(ATTbougou), que pourrions nous retenir du mandat d’ATT ?
Cet Homme portait en lui et dans ses programmes la notion de la grandeur du Mali. Une notion qui est la marque des grands dirigeants mais il a fini par brouiller le message et tout le dispositif en abusant de sa position dominante avec l’ingratitude pathétique qu’on lui connait.
Ce pays doué et inventif se trouve depuis 9 ans vilipendé, menacé, tripoté, humilié et violenté de toutes parts. Au Nord AQMI le caresse, le griffe ou le mord en rêvant de l’avaler. De l’autre côté l’Occident fait tout pour le punir de son laxisme et de ses indécisions à cause du harcèlement des islamistes. Car ATT à une aversion instinctive pour toute prise de décision.
Le nord devient ainsi le champ clos d’une séquelle abominable de prises d’otages, de trafic et de crimes de tout genre. Au Mali on retrouve de la honte et du sang sur le tapis rouge, ôtant ainsi aux maliens l’estiment d’eux-mêmes.
Le Mali arrive tard à tout. La complaisance d’ATT à l’égard de la situation a toujours été stupéfiante surtout lorsqu’il prétend incarner la morale, la bonne conscience, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, de la femme et de l’enfant.
A croire qu’il suffit de sortir à la télé aux côtés des enfants et des jeunes pour dire être leurs amis et les laisser après dans la disgrâce, l’infortune et la déchéance avec autant de mépris et de haine viscérale.
Avec l’humanisme d’ATT et l’activisme de sa fondation, 33 enfants de moins de 4 ans sont morts de malnutrition à la Pouponnière de Bamako, entre Août 2010 et Février 2011, une honte pour tout le Mali.
Pendant 9 ans, la jeunesse malienne a été laissée pour compte sans emplois, sans éducation, sans promotion, sans perspectives réelles pour l’avenir avec son corolaire de violences et d’accident de la route.
Le candidat des pauvres et des démunis créditer d’une sympathie réelle a retourné sa veste en laissant se goinfrer à ses côtés tous les prédateurs de notre économie. Ce qui devrait être une avancée pour le pays est devenue un recul énorme. Découvrant avec étonnement la valeur négative de ses actions depuis deux mois, il agite le poignard avec un souci de rigueur et de moralisation de la vie publique, une expédition punitive qui n’a rien à voir avec la lutte contre la corruption que nous observons sous d’autres cieux.
L’Homme providentiel est devenu l’homme de l’amertume et des déceptions car entre mauvaise conscience et realpolitik, il essaye de se ressaisir pour améliorer la gouvernance mais l’ingratitude du temps et les aléas de la mode ne jouent pas à sa faveur. De toute façon le mal est fait car les maux pour les quels il a sollicité le suffrage du peuple malien existent toujours et ce sont mêmes aggravés.
Il s’agissait de lutter contre la pauvreté, la corruption, l’insécurité en restaurant l’autorité de l’État, faire des reformes institutionnelles et administratives, mettre en place une école qui éduque et qui forme, mettre en place une vraie politique de santé, donner de l’emploi aux jeunes et organiser une alternance démocratique en organisant des élections crédibles et transparentes.
En une année de la fin de son mandat le Mali est à l’intersection du banal, du sublime et de l’effroyable à cause du manque d’autorité et la désinvolture du chef. Malgré son habilité tactique, la méfiance s’est installée entre les acteurs politiques par rapport au choix du fichier électoral et fait planer sur le pays la menace du retour de l’instabilité et de velléités putschistes.
Le crépuscule du mandat du rônier de Koulouba nous révèle la vraie nature de l’homme, un homme au profil organisé qui se croyait irremplaçable et qui pendant 9 ans a transformé la République en une agence de publicité pour sa gloriole personnelle, au lieu d’avoir le souci de l’intérêt général et de la pacification du pays. Soudain il se rend compte de la réalité ce qui le stress et explique actuellement ses prises de décisions hâtives.
Face à cette situation il faut l’impératif du dialogue politique et un élan de patriotisme pour sauver notre bien commun comme disait Jean Jaurès : « la patrie est le bien de ceux qui n’ont plus rien ».
En définitive, je disais que les historiens prendront de l’Homme ses grandeurs comme ses faiblesses mais qu’avant je me permettrai de donner mon diagnostic réservé sur son bilan de 9 ans à la tête de notre pays.
Pour ma part, ATT n’a pas été à la hauteur de nos souhaits, car il a eu toutes les cartes en main pour faire le Mali et changer les maliens, mais il n’a jamais su prendre les bonnes décisions pour la majorité silencieuse. Mais aussi par rapport au choix de ses hommes. Or ceci est important car en 2 mois le nouveau Ministre des affaires étrangères est entrain de changer le visage de notre diplomatie en tirant le Mali de la zone rouge.
Ce qui est sûr l’intéressé même dira que ça c’est parole de ….mais comme on le dit : « il y a dans presque tout sur terre un côté comique, c’est le cadeau que Dieu nous à fait avant de rentrer chez lui. »
Mr. Mariko Bakary
France. 12/06/2011