IBK avait promis à Rue Bellot de nommer Oumar Kéita quelque part. La promesse d’IBK était publique. Oumar Kéita voulait rester à Paris. IBK était obligé de tenir sa promesse. Voilà comment Oumar Keita fut propulsé sous-ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco.
IBK, dans une inconséquence à jamais inégalée dans l’histoire du Mali, a autorisé cette ouverture pour la satisfaction d’un sien. La seule chose qui intéresse IBK, c’est de profiter et de faire profiter sa famille, ses alliés et ses amis. En clair, se servir du Mali. La vie après tout est si courte.
Des pays plus riches, plus stables que le nôtre, n’ont pas une délégation permanente à l’Unesco. Ce sont les ambassadeurs plénipotentiaires de ces pays en France qui font pleinement le travail. Exemples : l’Algérie, le Ghana, etc. Mieux, le sous-ambassadeur, Oumar Kéita, ne le serait que sous IBK. Il n’a aucune expérience probante. Encore une fois, tenons- nous aux faits, rien qu’aux faits, mais à tous les faits. Les faits sont têtus.
Les faits
Mme Diawara Fatima polyglotte, diplômée des Universités américaines et françaises fut recrutée au consulat du Mali en France. Bien des années après, au moment où Boubacar Sidiki Touré était ambassadeur, celui-ci décida de vérifier les compétences des uns et des autres au consulat et à l’ambassade. Au vu des compétences de Mme Diawara, l’ambassadeur Touré décida de la muter avec son accord à l’Unesco pour le compte du Mali, où espérait-il, elle est plus efficace.
Effectivement Mme Diawara brilla de mille feux. Elle a eu l’occasion de prouver qu’elle est capable. Elle a été positivement remarquée par les autres délégations. Par les Instances de l’Unesco. Par la suite, IBK est élu président. Oumar Kéita est désigné effectivement premier ambassadeur délégué auprès de l’Unesco. Il a le malheur, lui, sous-ambassadeur, de ne comprendre que le français. Mme Diawara lui fait écran. Elle brille. Il ne peut la supporter. Les problèmes commencent. Finalement, Mme Diawara est mutée à nouveau à l’ambassade avant d’être licenciée par décision signée du ministre-conseiller, le taciturne, taiseux, Tidiani Traoré, l’ami du sous-ambassadeur Oumar Kéita. Ça ne s’invente pas.
Tous les autres ambassadeurs auprès de l’Unesco sont au courant de cette affaire. Un jour, parlant à Mme Diawara après un interprétariat- traduction, un brillant ambassadeur plénipotentiaire, chargé aussi de l’Unesco, parfait polyglotte, une sommité de la culture, venant d’un pays d’Afrique centrale, a dit ceci devant une salle de 150 personnes : «Mme Diawara, merci de votre brillant travail. J’ai appris que vous n’êtes plus avec la délégation malienne. À travers votre affaire, j’ai compris enfin pourquoi le Mali est à terre.» Sans commentaires. Faut-il en mourir ou en pleurer ? Décidément, Amadou Hampâté Ba est mort.
Aussi indigne, aussi grotesque que cela puisse paraître, c’est une belle-sœur du même Tidiani Traoré, ministre-conseiller, que l’on retrouve travailler aujourd’hui à la délégation malienne auprès de l’Unesco. Bien sûr, la belle-sœur du ministre-conseiller n’est pas la seule. D’autres contrats bidon en auto-entrepreneuriat signés par le sous-ambassadeur font légion. Nous les dénoncerons très bientôt. C’est immensément petit. C’est grotesquement hallucinant. C’est infiniment dégueulasse. Dans ce monde, dans ce milieu, où toute fille est femme, le salut du Mali n’est pas pour demain.
Mme Diawara officie aujourd’hui ailleurs à l’Unesco. Merci Mme Diawara d’être restée digne, de ne pas vous laisser faire. La compétence, on l’a ou on ne l’a pas. Voici comment des lanternes incapables, incultes, apatrides, pistonnées font perdre au Mali le défi de l’excellence par leur égoïsme moyenâgeux. Voilà pourquoi nous baissons la tête dans le concert des Nations.
Oumar Kéita croit pouvoir, par des recrutements bidon, se faire des obligés. Il n’a rien compris. Même Jacques Séguéla n’affrontera pas plus vertueux que lui. Comment IBK, le chef du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l’Enseignement supérieur, le ministre de la Culture, l’ambassadeur plénipotentiaire, le vieux retraité malade de 78 ans, Cheick Mouctary Diarra, peuvent-ils de concert laisser notre arriviste Oumar Kéita recruter qui il veut, dans la forme qu’il veut, à la délégation malienne auprès de l’Unesco ? Le bateau Mali est en perdition, sans Capitaine.
IBK est le problème du Mali
Au fait, Oumar Kéita n’a rien fait. Le drame du Mali d’aujourd’hui, c’est d’avoir cru en IBK. À Mopti, plein cœur du Mali, des sous-préfets fuient abandonnant les populations faute d’éléments de sécurité. Entre-temps, à Paris, on crée des dépenses inutiles à la délégation malienne, et demain, ça sera l’ouverture de nouveaux consulats généraux à gogo pour employer amis et obligés. Le Mali était dignement représenté par Amadou Hampâté Ba à l’Unesco. Et pourtant, il n’en fut jamais désigné ambassadeur délégué. À quand la fermeture de cette délégation permanente ?
Maliennes et Maliens, prenons garde avant qu’il ne soit trop tard. Pour notre part, nul doute, pour un meilleur Mali, nous jouons et jouerons sans état d’âme notre partition. Par Allah.
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr
Source: Le Reporter 10/11/2015