En séjour en France et invité à prendre la parole, le maire de Sangha a tout simplement osé faire une telle proposition polémique : « Je pense que l’Afrique doit trouver sa propre voie vers la démocratie. Chaque région doit avoir son autonomie, sa propre vision.
Les Dogons ne réagissent pas de la même façon que les Bambaras. Chacun doit pouvoir décider en fonction de sa culture et de sa tradition. La démocratie locale a toujours existé chez les Dogons. Il y avait une assemblée villageoise qui rendait la justice, décidait des lois et réglait collégialement les problèmes de l’eau et les litiges. En cas de crime, la personne était chassée du pays Dogon, il perdait son nom de famille et n’avait plus le droit de revenir, ni lui, ni ses descendants.
Nous avions aboli la peine de mort bien avant les Blancs ». C’est la quintessence de la tirade sujette à caution du maire de Sangha.
Une prise de position, qui a en plus de soulever de vives polémiques au sein de la diaspora malienne de France, a conforté les partisans de l’autonomie du Nord. Ainsi, dès les premières heures de cette déclaration du maire de Sangha, le représentant du MNLA en Europe, Moussa Ag Assarid, a sauté sur l’occasion sur sa page Facebook.
« Très heureux qu’en fin nos frères, cousins et voisins dogons se réveillent… », s’est-il réjoui. Mais ce qui semble gênant dans cette sortie d’un élu, ce qu’il intervient à un moment ou ceux qui réclamaient une autonomie sont engagés dans un processus de paix et de réunification du pays.
Reste à savoir si cet élu local a fait cette proposition seul ou est soutenu par un quelconque lobby ? Cependant, cette déclaration pose véritablement la question de l’Etat-nation au Mali. En attendant, le débat continu et les autorités observent un silence radio sur cette atteinte grave à l’unité nationale.
Alpha Mahamane Cissé
Source: L’Indicateur Du Renouveau 08/12/2015