Tout a commencé un vendredi du mois de Ramadan quand l’épouse du médaillé d’or vint retrouver devant sa porte deux jeunes filles abandonnées. Il s’agit notamment, d’Aminata et Saly respectivement âgée de 12 et 16 ans. La plus jeune dormait encore à l’heure de la prière du vendredi. Après les avoir posé la question de savoir leur famille et leur destination, les filles ont répondu n’ayant pas de famille à Bamako et disent être orphelines de père et de mère. Elles sont à la recherche d’emploi, avaient-elles expliqué à leur interlocutrice. Comme toute bonne mère, madame Bâh s’est vite engagée à leur porter secours en attendant de voir clair. Le lundi, son mari décide d’amener les enfants à la Brigade des mœurs afin de pouvoir leur porter assistance dans un cadre règlementaire. Après les démarches auprès du juge, il a finalement réussi à avoir la garde des enfants. Un acte attesté par un document offiiciel.
Cinq jours après, une voisine de la famille Bâh, à la recherche d’aide ménagère, s’est s’attaché les services de la plus grande alors que la plus jeune avait déjà été engagée en qualité de vendeuse par une autre dame du quartier. Tout allait bien jusqu’à la disparition deux deux plus tard des filles. Au même moment, le juge intima au « nouveau papa » (M. Bâh) de se présenter avec les enfants pour un contrôle physique. Le vieux lui demande de lui accorder un temps, car il ne les voyait plus depuis un certain temps. A cause de la pression du juge, le vieux décide lui-même de se rendre à Banancoroni, d’où elles viennent pour des informations. Première grosse déception pour le vieux Bâh qui découvre que les parents des enfants sont bel et bien vivants, contrairement à ce qu’elles lui avaient laissé comprendre. C’est de là qu’il a appris que les filles ont quitté le village après avoir pillé une boutique de « bazin ».
Revenu à Bamako le dimanche, M. Bâh se présenta devant le juge pour lui expliquer ce qu’il a recueilli comme information au sujet des deux filles. Sans tergiverser, le juge de l’envoyer à la Brigade des mœurs où consignes avaient été données de le placer sous détention pour « appartenance à un réseau de trafic d’enfants ».
L’arrestation du vieux médaillé, très connu dans son quartier, fait vite le tour de la capitale. Et plusieurs hautes autorités ont été embrassées par cette affaire. Le juge Mohamed Khalil Diallo, qui s’est empressé de fermer son portable. Malheureusement pour notre magistrat, les filles ont été retrouvées la même nuit par un passant au niveau de la « Dibiterie Apollo » à Badalabougou. Malgré cette découverte, notre pauvre vieux Bâh a passé la nuit à la Brigade sur instruction du tout puissant juge Khalil Diallo pour des filles déjà connues de leur Brigade et des services de patrouille pour des pratiques de prostitution.
Une véritable mésaventure pour Souleymane Bâh qui s’est taillé une notoriété à bien des égards dans son quartier. Ancien pilote à la retraite, Chevalier de l’Ordre national du Mali, Chevalier du Mérite Légion d’honneur de la République Fédérale de l’Allemagne, l’homme est reconnu ouvert, serviable et toujours prêt à aider les autres. Mais cette fois-ci, en voulant bien faire, il s’est retrouvé en prison suite à une affaire de disparition dans laquelle il y n’était pour rien.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Renouveau 30/11/2010
