Perdre encore trois semaines alors que le temps presse, risque de briser l’élan amorcé par le gouvernement, en créant un enlisement coupable dans la gestion des affaires courantes. Notre pays est en effet actuellement dans une situation incertaine, surtout en ce qui concerne la tenue d’élections libres et transparentes en 2012. Pas de fichier électoral bien établi et un manque de calendrier électoral, auxquels s’ajoute le référendum que le Président de la République compte organiser pour réviser la Constitution du 25 février 1992, tel est le contexte actuel. La dernière crise est née du partage du gâteau dans la répartition des membres de la CENI, entre la Majorité présidentielle et l’Opposition.
Il y a trop de situations confuses aujourd’hui entre les mains du Premier ministre et de son équipe, mais, malgré tout cela, notre Général Président a donné consigne aux ministres de se payer le luxe aux ministres de partir se balader, sur le dos du pauvre contribuable malien. Au moment même où la classe politique est en pleine ébullition, le gouvernement choisit d’aller se reposer, alors même qu’il vient d’être mis en place, il y a tout juste 4 petits mois. Anéantissant, du coup, tous les efforts qui avaient été déployés pour sortir le pays de l’impasse.
L’échec (à cause de l’impréparation) de la dernière rencontre gouvernement – partis politiques, dans le cadre du Cadre de concertation entre l’administration et la classe politique autour de l’élaboration d’un fichier électoral consensuel (FEC), s’est soldé par un report, renforçant dans le même temps, l’inquiétude des uns et des autres par rapport au respect des délais constitutionnels pour l’organisation des élections.
Le peu de temps dont dispose le gouvernement aurait donc dû être judicieusement utilisé, pour sortir de l’impasse et éviter à notre pays de connaître des situations que tout le monde pourrait un jour regretter. En effet, à 8 mois des échéances, le gouvernement n’a jusqu’à présent pas pu élaborer le chronogramme de l’organisation des élections et du référendum, qu’il veut organiser pour donner à ATT la paternité de la nouvelle Constitution du Mali. Dans quels délais ce référendum sera-t-il organisé par le gouvernement et avec quel fichier? A qui incombera la préparation matérielle des élections? Ces questions restent posées.
La mise en place d’un gouvernement dit «de mission» ne saurait être une fin en soi. Elle a de fortes implications. Pourtant, le fichier électoral consensuel, tant prôné par le gouvernement, n’est jusqu’à présent pas disponible. Et la majorité de la classe politique continue à rêver d’un fichier biométrique, pour éviter les fraudes. Malgré les contributions faites par 42 partis, le gouvernement continue de faire la sourde oreille et le Président refuse toujours de recevoir en audience leurs porte-paroles.
Autre patate chaude entre les mains du gouvernement, la mise en place des membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Même si, à ce niveau, le blocage vient plutôt des partis politiques, qui n’arrivent pas s’entendre sur les quotas de l’Opposition et de la Majorité présidentielle. Dans tous les cas, le gouvernement devra prendre toutes ses responsabilités, car il y va de l’intérêt de la Nation.
Youssouf Diallo
Le Républicain 15/08/2011