Le Gouvernement du Mali exprime son opposition ferme à l’intervention sur son territoire de la force française Barkhane: dixit le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop 

A l’occasion de l’examen par le Conseil de sécurité du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop est revenu sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA, les allégations de restrictions imposées à la MINUSMA, le retour a l’ordre constitutionnel entre autres.  C’était hier lundi le 13 juin 2022 à NewYork. 

Un nouveau discours à la trempe de celui tenu par le premier ministre Choguel Kokalla Maiga à la tribune des Nations Unies pourtant peu commenté. Il témoigne la fermeté avec laquelle, les autorités de la transition veulent désormais conduire la destinée du Mali.    

Sur le sujet du renouvellement du mandat de la MINUSMA, le ministre des affaires étrangères dans son discours fait savoir que la position du Mali n’est autre que de centrer le mandat sur la protection des populations civiles et l’appui au rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire. “ Dans cette perspective, il est indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique. Il y a lieu de clarifier contre qui on veut protéger les populations, sachant que la menace principale provient des groupes armés terroristes. Comment la MINUSMA peut-elle protéger les populations si elle n’est en mesure de faire face à la menace ?” S’interroge-t-il. 

Pour le patron de la diplomatie malienne, le nouveau mandat doit obligatoirement prendre en compte la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali, qui sont désormais en première ligne face aux groupes terroristes. 

Sur ce même sujet, le ministre Diop souligne l’opposition du gouvernement à voir la force Barkhane intervenir sur son territoire. “ Dans le cadre du renouvellement sus-évoqué du mandat de la MINUSMA et la demande d’appui aérien de Barkhane, le Gouvernement du Mali exprime son opposition ferme à l’intervention sur son territoire de la force française Barkhane, après la décision unilatérale de retrait de ladite force et la dénonciation par le Mali des Accords de défense avec la France. Nous en appelons au respect de la souveraineté du Mali et des décisions prises par les autorités maliennes à cet égard ” fustige-t-il.

Ensuite, le Gouvernement du Mali par la voix du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale, souligne la nécessité d’une meilleure coordination des actions de la MINUSMA avec l’Etat malien de manière à assurer une pleine efficacité dans l’accomplissement de son futur mandat. Le Mali souligne également la nécessité pour la MINUSMA de travailler étroitement avec les autorités et les parties prenantes maliennes pour aider le Mali à protéger ses populations civiles et à restaurer son autorité sur l’ensemble de son territoire.

Par rapport aux allégations de restrictions imposées à la MINUSMA, le ministre Abdoulaye Diop précise que le Gouvernement malien n’a pris aucune mesure restrictive visant particulièrement la MINUSMA. “ La mise en place de mesures de restriction temporaire sur une partie de l’espace aérien national, qui est une décision souveraine, vise un double objectif. Il s’agit d’abord de protéger les forces maliennes engagées dans une nouvelle posture dynamique et offensive pour reprendre l’initiative et réduire la capacité de nuisance des groupes terroristes sur les populations maliennes. Le succès de cette dynamique repose sur la liberté de manœuvre des forces nationales. Le deuxième objectif est de maîtriser les risques pour le trafic aérien, liés à l’utilisation intensive de la troisième dimension par les forces maliennes, notamment avec des vols d’aéronefs militaires, y compris sans pilote, et des tirs d’artillerie fréquents. En effet, la sécurité et la sûreté des usagers de l’espace aérien malien constituent une responsabilité régalienne de l’Etat ” rassure-t-il. 

Pour la question liée au retour à l’ordre constitutionnel dans le pays, le diplomate a rappelé l’attachement du peuple malien à la démocratie. Comme pour prouver l’attachement des autorités de la transition au retour à l’ordre constitutionnel, il évoque  le décret pris la semaine dernière par le président de la transition fixant la durée de la transition et la réelle nécessité d’accompagnement de la communauté internationale.  “ Le décret n°2022- 0335/PT-RM du 07 juin 2022 fixe la durée de la transition à 24 mois, à partir du 26 mars 2022. De même, le décret n°2022-0342/PT-RM du 10 juin 2022 a créé, auprès du Président de la Transition, une Commission de rédaction d’un avant-projet de constitution de la République du Mali, dans le cadre de la Refondation. Il s’agit de la manifestation de l’engagement des autorités nationales pour le retour à l’ordre constitutionnel ”confie-t-il. 

Comme pour répondre aux exigences de tous les partenaires notamment la CEDEAO, le ministre informe que dans les tout prochains jours, une nouvelle loi électorale sera adoptée par le Conseil National de Transition et le Gouvernement procédera à la publication du chronogramme de la Transition. ‘’ Dans le cadre de la poursuite du dialogue avec la CEDEAO, un mécanisme de suivi sera mis en place en concertation avec le Comité local de suivi de la Transition, comprenant les Nations Unies et l’Union Africaine. De ce fait, le Gouvernement du Mali fonde l’espoir d’une levée très prochaine des sanctions qui frappent injustement les populations maliennes et qui affectent l’économie du pays” conclut-il. 

 

Abdrahamane Baba Kouyaté 

Rédaction DiasporAction