En pleine mutation démographique depuis plus de 50 ans, le continent africain devra faire face aux périls de l’heure, dans un contexte économique global dominé par une lutte de positionnement géostratégiques entre les grandes puissances. De nombreux facteurs sont à l’origine de l’émergence d’une criminalité de plus en plus structurée et dont les ramifications ne font que s’étendre. Le continent où tout reste à faire, pour un développement économique harmonieux qui puisse profiter à un plus grand nombre d’africains, devra s’atteler à éradiquer ce mal depuis la racine. Voyons ensemble, les 5 facteurs qui favorisent l’émergence de toute sorte de criminalité selon Jean-Charles ANTOINE, docteur en Géopolitique.
Les rivalités entre les centres et les périphéries
Il s’agit là des rivalités entre le pouvoir central d’un pays ou même d’une ville et un groupe d’individus en périphérie urbaine ou dans des contrées éloignées. C’est le cas notamment de la rébellion du MNLA, s’appuyant sur des frustrations locales qui sont le lot quotidien de tous les maliens de toutes les régions du pays, s’est armée contre le pouvoir central pour dénoncer ce qu’elle croit être une discrimination à l’égard des régions du nord.
Le besoin d’approvisionnement et de survie des grands centres urbains
Il est bien connu que les mégapoles attirent toujours plus de personnes en quête d’une vie meilleure. Beaucoup quittent la campagne avec femmes et enfants créant ainsi par endroit des bidonvilles en total méconnaissance des règles d’hygiène et de génie civil. La solidarité en milieu rural n’existe pas autant qu’en milieu citadin. Et pour survivre, certains habitants de ces bidonvilles n’hésitent pas à se livrer à des actes de délinquance. Le choc culturel étant également présent, chacun arrive avec une représentation géopolitique du milieu où il était. Autant d’ingrédients qui rendent la situation plus qu’explosive.
Le désœuvrement croissant d’une jeunesse en quête d’emploi
Selon l’Organisation Internationale du travail en 2013, sur 75 millions de jeunes au chômage dans le monde, plus de 38 millions vivaient en Afrique, le manque de stabilité des Etats africains affectant les politiques de développement, et de facto, l’emploi. La situation est aggravée quand des étudiants choisissent des filières sans débouchées sur le marché se retrouvent désœuvrés avec une fonction publique déjà saturée et où le privé emploie de moins en moins. Aussi, pour s’en sortir, beaucoup de ces jeunes se livrent au trafic de drogues, aux rapts, au vol qui sont perçus, à tort, comme de vraies opportunités pour un enrichissement rapide. En 2009, la Banque Mondiale établissait que sur l’ensemble des jeunes décidés à rejoindre les milices ou les mouvements rebelles sur tout le continent, 40 % le faisaient par manque de travail et en raison de la dureté de la vie de chômeur. Combattre dans un mouvement rebelle donne donc l’illusion d’une ascension sociale et peu importe si l’État en pâti.
L’appât du gain facile
C’est une spirale maléfique dans laquelle se retrouvent piégés beaucoup de jeunes africains. Car, lorsque l’on est enrôlé dans un groupe rebelle ou armé, le point de non-retour est souvent presque impossible. Les tenants d’un Islam salafiste anti-occidental n’hésite pas à se servir de la misère des jeunes pour stigmatiser et diaboliser les troupes internationales pour susciter une colère dans l’esprit des populations.
L’utilisation des réseaux de contrebande pour propager les idéologies extrémistes
Les rivalités géopolitiques, qu’elles se fondent sur une instabilité post-guerre civile comme celles entre les Touaregs et les Toubous dans le sud libyen, ou qu’elles soient le fruit d’une lente maturation criminelle comme l’implantation d’Al Qaïda au Maghreb Islamique en zone sahélienne, s’appuient quasiment toujours en Afrique sur des réseaux de contrebande qui leur assurent un financement initial et continu. Rivalités géopolitiques et terrorisme semblent désormais y vivre en parfaite complémentarité. Les puissants émirs du terrorisme sont considérés comme de véritables héros par leurs fidèles. Ils savent diaboliquement allier appât du gain financier et utilisation du marché noir pour mener leur prétendu combat djihadiste.
Ahmed M. Thiam
L’alternance