Le déclin d’une zone de résistance ?

Un soldat français dans la zone dite des Trois Frontières

«Gens du Burkina, du Mali et du Niger, que l’appellation de zone des trois frontières n’évoque pas en vos esprits l’idée d’éloignement», a averti Dr Mohamed Teissa Farma Maïga (expert sécurité régionale) lors de sa récente conférence à l’Ecole de police de Bamako. Et de rappeler que «Liptako» est la francisation de «Liba» qui signifie «Terrasser» en peulh, et de «Ta-a-ko» signifiant «on ne peut pas».

«Étymologiquement, Liptako c’est ce qu’on ne peut pas terrasser. Avec le Gourma, qui signifie l’ouest en songhay, il forme une vaste région qui couvre le Burkina Faso, le Mali et le Niger», a rappelé Dr Maïga. Et selon lui, l’appellation région des «Trois frontières», découle «d’une vision réductrice» car, a-t-il indiqué, «le Liptako-Gourma, au-delà des frontières s’entend d’ouest en est, de Mopti au Mali à Tassara au Niger ; et du nord au sud, de Bourem au Mali à Kaya au Burkina Faso». 

Au Niger, font partie du Liptako-Gourma, Niamey et ses environs, Torodi, Say, Tillabery, Banibangou, Tillia, Ouallam, Ayerou, Gotheye, Téra, Bankilaré, Finlingué, Balleyara, Abala, Tassara. Au Mali, les zones concernées sont Mopti, Djenné, Gao, Ansongo, Gossi, Kidal, Menéka, Anderanboukane, Bourem. Au Burkina Faso, cette région concerne Dori (province du Séno), la province du Yagha, la province du Sanmatenga (Kaya), la province Namentenga (Boulsa), la province du Katanga (Ouahigouya), la province du Bam (Kongoussi).

Jadis zone d’espoir, le Liptako-Gourma est malheureusement devenu de nos jours une zone de violence où les populations sont sans cesse terrorisées et condamnées à fuir pour sauver leur peau. Pour inverser cette tendance, il ne faut pas compter sur une puissance militaire étrangère, mais sur nous-mêmes, sur la jeunesse. «Jeunes gens de trois pays, le Liptako-Gourma pose à votre avenir un problème concret. Unissez-vous pour le résoudre. Honorez-le suivant la toponymie : Libataako ou région qu’on ne peut pas terrasser» ! Tel était en effet l’appel de détresse lancé par feu Léopold Kaziendé. 

Un appel qui a peu de chance d’être entendu par une jeunesse désœuvrée en quête de repères et surtout d’opportunités pour réaliser ses ambitions socio-économiques. Et cela au point de se laisser facilement endoctriner par des obscurantistes au service de ceux qui veulent faire le vide dans la région du Liptako-Gourma par la peur afin de s’approprier toutes ses ressources, ses immenses richesses.

M.B