Au cours des dernières semaines, le Conseil présidentiel pour l’Afrique a identifié et passé au crible une soixantaine de projets technologiques, médicaux et économiques portés par des collectifs citoyens, des associations ou des créateurs d’entreprises d’Afrique et de la diaspora. Ces initiatives couvrent les différents aspects de la riposte anti-Covid-19 : l’aspect sanitaire (diagnostic, protection des personnels soignants grâce à des équipements adaptés, respirateurs), l’aspect prévention (sensibilisation, gestes-barrières, gel, masques) et l’aspect socio-économique (distribution de produits de première nécessité, digitalisation des transferts d’argent, aide aux populations vulnérables). « En donnant à voir et en valorisant cette Afrique des solutions, le CPA s’inscrit dans la mission qui lui a été assignée à sa création, en 2017 : maintenir un lien permanent avec la société civile, en particulier les représentants de la jeunesse engagée et des diasporas africaines, formuler des propositions d’actions concrètes, et illustrer le nouveau visage, inspirant, multiple et dynamique, de la relation entre l’Afrique et la France », déclare Wilfrid Lauriano Do Rego, coordonnateur du CPA.
Bien que la progression du Covid-19 demeure pour l’instant plus limitée en Afrique que sur les autres continents, la prévention s’impose pour éviter de mettre sous pression des infrastructures de santé souvent fragiles. Diagnostiquer avec précocité et orienter correctement les cas de Covid-19 revêt une importance fondamentale dans la lutte contre la propagation de la pandémie. Les membres de l’association Faso Civic, en coopération avec des ingénieurs et des médecins, ont développé une application, Diagnose Me, qui permet à
ses utilisateurs de diagnostiquer ou non la contraction du coronavirus. « Disponible en français et en langues vernaculaires, simple d’utilisation et pensée pour être la plus inclusive possible, elle va permettre à la population d’évaluer son niveau de risques, et d’être mise en relation avec les agents de la plateforme de supervision du ministère de la Santé. L’autodiagnostic assisté est préférable à un engorgement du système de santé. Un des développeurs du projet, un étudiant burkinabé vivant à Wuhan, nous a expliqué que beaucoup de personnes de cette ville avaient été infectées en se rendant à l’hôpital », explique Sy Adama Traoré, le président de l’association Faso Civic et promoteur de Diagnose Me.
Au Nigeria, l’approvisionnement des hôpitaux dans le cadre des restrictions de déplacement imposées par le confinement a représenté un enjeu essentiel. Arone, une start-up basée à Lagos, ville la plus peuplée d’Afrique, procède à la livraison de produits pharmaceutiques, de matériel médical et de gel hydro-alcoolique par drones-cargos (drones de grande capacité).
A l’instar des sociétés civiles et du tissu entrepreneurial africain, les forces vives de la diaspora africaine de France se sont mobilisées et ont imaginé des solutions et dispositifs innovants pour contribuer efficacement à la riposte anti-Covid-19 sur le continent. Airbus Africa Community, qui est le club Afrique animé par des ingénieurs de l’avionneur européen, a noué des partenariat avec le collectif 3D SN Covid-19 et avec l’université polytechnique de Thiès (Sénégal) qui sont à l’initiative de la fabrication de visières plastiques et d’un prototype de respirateur, à partir d’imprimantes 3D. « Lorsque la crise nous a surpris, nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire, sans budget mais avec notre expertise, pour contribuer à la lutte contre le Covid-19 en Afrique, explique Ahmadou Diallo, cofondateur d’Airbus Africa Community. Les plans et prototypes utiles à la fabrication de ces équipements de pointe destinés aux soignants ont été partagés massivement via des plateformes numériques collaboratives, ce qui a permis aux chercheurs sénégalais de se les approprier et de se lancer très vite dans la fabrication ».
Enfin, des startups, à l’instar de Susu, service de santé digitale permettant à la diaspora d’offrir la meilleure qualité de soins à leurs familles sur le continent, ont développé des réponses adaptées aux enjeux de la pandémie. « Le confinement a agi comme une ‘double peine’ pour les diasporas africaines, qui se sont retrouvées coupées physiquement de leurs proches, et sans possibilité d’agir pour les protéger au moment où la pandémie se propageait en Afrique, explique Bola Bardet, fondatrice de Susu. C’est pourquoi nous avons mis en place, dans l’urgence, deux solutions adaptées : une solution de livraison de kits d’hygiène (masques, gel, etc.) et une plateforme destinée à payer en ligne les soins urgents de ses proches vivant en Côte d’Ivoire ».
Cette campagne s’inscrit dans le droit fil du souhait exprimé par Emmanuel Macron, le 15 avril dernier sur les ondes de RFI : « Voir ce qui en Afrique, émerge comme solutions, et les aider à advenir et se multiplier ». Le Conseil présidentiel pour l’Afrique est, depuis sa création, engagé sur les thématiques de la santé. En septembre 2019, il avait rendu public un rapport de recommandations sur la politique française en matière de santé mondiale, et dévoilé son initiative « Carnets de santé en Afrique », co-écrit avec l’association Action Santé Mondiale.
À propos du Conseil présidentiel pour l’Afrique :
Le Conseil présidentiel pour l’Afrique a été créé en 2017 par le Président de la République Emmanuel Macron, dans le but de lui apporter un nouvel éclairage sur la relation entre l’Afrique et la France. Il rassemble des personnalités venues d’Afrique et de France, toutes issues de la société civile et bénévoles. Forts de la diversité de leur parcours, les membres du CPA développent un lien permanent avec la société civile, en particulier avec les représentants de la jeunesse et des diasporas africaines. Dans les secteurs d’avenir de la relation entre l’Afrique et la France, ils formulent des propositions et impulsent des projets concrets répondant aux attentes du terrain.